walking on sunshine

Maman allume la radio, et la petite Macha commence tout de suite à danser sur Walking On Sunshine. Une danse endiablée ou elle manque de glisser sur le tapis. “ Non Macha ne danse pas, s'il te plait, les voisins vont venir taper à la porte encore. ” Macha essaie de s'arrêter, mais même quand elle s'est assise en tailleur par terre, elle est encore secouée de des soubresauts de la musique. Elle aussi veut aller marcher sur le soleil. “ Tu crois que papa il me laisserait danser, lui ? ” “ Ne dit pas de bêtises. ”
Sa mère se remet à son activité favorite, regarder les magazines en russe volés avant de quitter l'URSS auxquels elle ne comprend presque rien. Sa mère pourrait l'aider à faire ses devoirs, ou danser avec elle, ou chanter avec elle, ou lui apprendre des choses. Mais non. Elle ne fait qu'aboyer des choses en lituanien. Et comme un petit chien sage, Macha obéit. Si elle avait un père les choses seraient peut-être différentes. mais Macha ne sait même pas à quoi il ressemblerait. Il sourirait déjà, contrairement à sa mère. Il lui ferait des bisous dans le cou et la porterait dans ses bras. Mais peut-être serait-il froid et méchant. Quand elle pense à lui elle ne peut s'empêcher d'avoir froid dans le dos, l'imaginant portant un manteau d'épaisses fourrures et une chapka en poils de rennes sur la tête, comme les gens qui viennent de Sibérie qu'on voit dessinés sur ses livres d'enfants.
“ Maman je t'aime. ” murmure Macha, une larme à l'oeil. Elle n'a que sept ans, et c'est la seule chose à laquelle elle pense, faire plaisir à sa maman. Sa maman qui a eu une vie tellement difficile, et qui a juste besoin qu'on l'aime et qu'on lui fasse des calins. “ Qu'est-ce que tu as dit ? ” Elle n'attend même pas la réponse, et Macha n'a pas envie de répéter, s'imaginant maintenant marcher sur le soleil. le soleil ne la brule pas, il ne fait que carresser doucement sa peau de ses langues de feu.
“ Macha. va m'acheter des clopes. ”
“ D'accord Maman. ”

shame shame shame

Dans la voiture, la radio passe un mix disco. “ La honte, cette chanson. C'est nul le disco. ” dit Maman, mais Macha aime bien. Elle ne croit pas que c'est la honte le disco. Ca l'amuse, elle. Shame, shame, shame on you, dit la chanson. Et Macha aime bien. Elle aimerait bien dire ça à sa mère un jour. If you can't dance too. Parce que sa mère n'aime jamais danser. Elle aimerait danser, là dans la voiture. Mais on a pas le temps.
Pourtant Maman ne veut pas sortir de la voiture tout de suite. Et Macha croit voir sa main trembler un peu alors qu'elle agrippe le volant. “ Tu sais Maman, il vont rien me faire dans ce Poudlard truc. Je suis sûre qu'ils sont très gentils. ” “ Ce n'est pas ça Macha. ” “ C'est quoi alors ? ” demande Macha. Mais Maman ne repondra jamais. Maman ne s'inquiète pas pour elle, elle n'a pas peur de la laisser toute seule dans un immense chateau où les gens font de la sorcellerie.
“ Est-ce que... tu crois que si je suis une sorcière, ça veut dire que je suis un monstre ? ” Macha ne peut s'empêcher de se rappeler le jour où elle a vu un hibou débouler dans le salon pour lui amener une lettre qui lui disait qu'elle n'irait non plus à l'école du coin, mais dans un collège visiblement très chic et très vieux jeu appelé Poudlard. Collège qui n'enseignait qu'à des gens pourvus de pouvoirs qu'on appelle sorciers. Et Macha n'a pu s'empêcher de remarquer que quelque chose avait depuis ce jour changé dans le regard de sa mère.
“ Je vais louper le train si on y va pas maintenant Maman. ” il y a encore tout plein de bagages à sortir de la voiture, une valise, un chaudron et tout plein de choses étranges qui sont apparemment requises dans le monde de la sorcellerie.
“ Promets moi que tu ne m'abandonneras jamais. ”
“ Pourquoi tu demandes ça ? ”
“ Laisse tomber. ”

sugar baby love

Macha a réussi a ensorceler une petite radio, pour qu'elle fonctionne même dans ce monde où il n'y a pas de prises, et encore moins dans le parc. Ses camarades de dortoir ont envie de la tuer quand elle écoute des radios qui passent tant de chansons de moldus qu'elles ne connaissent pas, mais elle s'en fout. Aujourd'hui elle l'a emmenée dans le parc, parce qu'il fait beau, et qu'elle voulait être heureuse, et sourire en lisant de la poésie au lieu de faire son devoir de Métamorphose. On dit que les plus intelligents vont à Serdaigle. mais elle fait surtout partie des plus rêveuses. De celles qui se mettent sur le dos dans l'herbe pour regarder passer les nuages avec des étoiles dans les yeux en écoutant Sugar Baby Love.
C'est encore mieux quand une main se glisse dans la sienne. Elle se retourne et sourit. Elle n'a jamais été si heureuse peut-être. Il y a mille problèmes, mille devoirs en retard, mille choses à faire, mille ans sa mère à supporter. Mais on a plus de problèmes quand on a quatorze ans, qu'on est innocent et qu'on est amoureux. Puisse cela continuer à jamais.
Mais il faudra grandir. Un jour. Se rendre compte que le monde n'est pas parfait. Que ce garçon aux cheveux bruns et à l'air mesquin n'est peut-être pas l'homme de sa vie. Qu'il faudra peut-être se débarrasser de cette mère envahissante un jour. Mais on fera ça demain.
“ J'ai envie de faire un truc un peu niais. ”
“ Qu'est-ce que c'est ? ”
“ Ecrire Maëlan + Macha sur un tronc d'abre. ”

disco inferno

Macha s'est offert un Ipod cette année. Ce n'est pas sa mère qui le lui aurait acheté de toute façon, alors elle a dû économiser sur l'argent qu'elle ne lui donnait pas, sur celui qu'elle se faisait toute seule cette été avec ses petits boulots de serveuse ou à distribuer le lait ou les journaux. Cette année, elle n'a pas laissé sa mère toucher à un seul centime et à tout gardé pour elle. Maman avait passé trop d'année à la faire travailler sans lui laisser jamais profiter des fruits de son travail. Mais maintenant tout est différent. macha regarde sa mère dans le blanc des yeux, et lui dit qu'elle ne veut plus la voir. A la fin de l'année, elle ne reviendra surement jamais dans leur petit appartement miteux de la banlieue de Londres. Et même si sa mère l'appelle à l'aide, elle ne viendra pas. Crise d'adolescence, me direz-vous. Non Macha a jsute ouvert les yeux, et s'est rendue compte que toutes ses années, sa mère ne l'a probablement jamais aimée. La seule chose qu'elle ait aimé c'est cette image en filigrane d'un père disparu, à peine connu et si parfait qu'elle voyait grandir sous les traits de Macha.
Maintenant Macha ne se dit plus qu'une chose Burn baby burn, quand quelqu'un l'embête. Surtout si c'est sa mère. Burn that mother down. Et les autres aussi. Autrefois elle était si gentille que n'importe qui pouvait venir la voir et lui demander des câlins. Maintenant tout ce à quoi ils ont droit ce sont des regards froids, voir un coup de baguette magique pour se faire jeter plus loin. Macha ne supporte plus qu'on la touche, même qu'on la frôle, et se retrouver dans une foule est son pire cauchemar. Imaginez la donc au milieu de la foule de sorciers qui se pressent sur la voie 9 3/4 le premier Septembre. L'enfer. Disco Inferno.
Sauf qu'il y a encore plus de monde cette année. Des nouveaux sorciers, après la petite blague de M. Mustard. Macha roule des yeux. Qu'est-ce qu'ils vont l'énerver, eux. Encore plus de peasants dans les couloirs. Ceux qui étaient là avant n'étaient pas suffisants, non. Encore heureux que sa mère, qui vient elle aussi de se découvrir sorcière, ne se soit pas mêlée de la partie.
Mais Macha, d'où tu es devenue si froide ? Il y en a qui dise que c'est le refroidissement climatique. Il y en a qui dise que ça s'est passé à cause de Maëlan, qu'il la jetée à la fin de la quatrième année parce qu'elle ne voulait pas coucher. Il y en a qui dise que c'est parce que sa première fois en cinquième année s'est très mal passée. Il y en a qui s'en foutent, surtout. Elle n'emmerde plus personne macha. Sauf si vous vous trouvez sur son chemin. Sauf si votre existence l'insupporte, et qu'elle s'est mise en tête de bruler vos vêtements. Car Macha a beau être un glaçon, au fond ce qu'elle rpéfère c'est mettre le feu, et pas au dancefloor, plutôt à vos objets préférés quand ça va pas. Elle se sent mieux après. Enfin, elle croit.
Tout ira mieux, bientôt. Peut-être elle s'enlèvera son balai du cul et arrêtera de détester le monde entier par principe. C'est juste la crise d'adolescence.