Un matin ordinaire sans aucun cours. Voilà le genre de moments que j'apprécie. C'est pendant ces moments que je peux prendre mon temps et profiter des premiers rayons que le printemps nous envoie. Et comme à mon habitude, je me ballade dans les couloirs, en papotant avec tel ou telle élève. Ce matin je suis quand même censé faire tout mon courrier, et je dois dire que ça m'ennuie un peu. Même beaucoup. J'ai pas vraiment envie de passer toute la matinée le cul vissé sur une chaise en train d'écrire. J'ai déjà fait ça pendant des années. Enfin, pour l'instant, je n'ai pas déjeuné, et je sais très bien que la Grande Salle a été vidée de ses élèves et ... de ses victuailles. Pas le choix, il va falloir descendre en cuisine. J'enfile les fringues qui traînent par là, un jean moulant et un grand pull complètement déformé. Ce n'est qu'au moment de sortir que je me rappelle qu'il faut mettre des chaussures. J'ouvre le placard de l'entrée et soupire en voyant le tas de chaussures. Il va être temps d'organiser tout ça, peut être. Je décide de mettre la première paire que j'arriverais à constituer et finis donc par enfiler mes Doc Martens. Un coup d'oeil dans le miroir et je sors. Un regard par la fenêtre et mes espérances sont confirmées : il fait beau. L'hiver va-t-il enfin toucher à sa fin ? C'est ce à quoi je pense quand une voix familière parvient jusqu'à moi. « Non mais qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ? Il est à chier et inutile son cours, un peu comme lui ! Ce type, il est tellement pompeux et arrogant qu'il pourrait jamais grimper sur un balai, lui, avec la taille de ses chevilles. » Ah bon ? Pompeux ? Arrogant ? Il parle de qui ? « Ben quoi ? Tu vas pas le défendre quand même ? Il passe son temps à me prendre pour sa tête de turc ! Comme si j'avais que ça à foutre, moi, de ranger ses balais tout pourri dans la remise à chaque fin de cours ! » Je me rapproche un peu pour être sûr d'avoir bien entendu. Luke, le Serpentard, qui s'en donne à coeur joie ! Je commence à bouillonner. « Non mais arrête, c'est quoi ton problème ? Tu fais partie des élèves qu'il se tape dans les chiottes, c'est ça ? » QUOI ? L'élève à qui Luke parle essaie depuis tout à l'heure de lui faire comprendre que je suis juste derrière, mais il n'a pas l'air d'avoir compris. Finallement, il se retourne et reste interdit un instant. « Oh, monsieur Grey, ça fait... longtemps que vous êtes là ? » « Assez pour avoir tout entendu. Je crois qu'on va avoir de quoi parler toi et moi. Dans mon bureau. Tout de suite. » J'aurais pu laisser couler, mais ce gosse m'a mit hors de moi. Je l'empoigne par le bras et le traîne jusqu'à mon bureau sans rien dire. Je crois que mon expression doit être suffisante pour lui faire comprendre qu'il va passer un mauvais moment. J'ouvre la porte et le pousse à l'intérieur. « Assis. » Il prend place sur un des fauteuils. « Donc, je suis pompeux et arrogant ? Mais c'est très bien tout ça ! Tu sais que tu es censé devoir le respect à TOUS tes professeurs ? Pas seulement à celui de métamorphose. » Je tourne dans le bureau, avec une démarche des plus menaçantes. Je fais craquer mes articulations pour réussir à me détendre, mais ça ne marche pas. « Sérieusement, tu peux m'expliquer ton problème ? On te demande pas d'exceller dans toutes les matières, mais au moins d'y participer sans râler. Putain c'est pas compliqué ! » Luke m'énerve, je l'avoue. Son air supérieur, ses manières de gros feignant et son insolence en cours me tapent sur les nerfs. J'ai tout essayé pour le faire participer aux cours de vol, mais il s'est toujours foutu de ma gueule. Avec tout ce qu'il à dit tout à l'heure, je crois que c'est la goutte d'eau qui fait déborder la Pensine. J'ai tellement envie de lui apprendre le respect et de lui faire payer tout ce qu'il a dit ! « Tu sais quoi ? Ça fait longtemps que j'ai pas collé quelqu'un. On va dire ... Trois soirs par semaine pendant un mois ? T'en penses quoi ? Ah mais non, j'ai oublié, tu n'as pas le droit de donner ton avis. » Les hostilités sont ouvertes.

« Oh, monsieur Grey, ça fait... longtemps que vous êtes là ? » A son regard noir, il comprend que même s'il n'est pas là depuis longtemps, il en a au moins entendu une partie alors il esquisse un pseudo sourire innocent qui le fait paraître encore plus coupable. « Assez pour avoir tout entendu. Je crois qu'on va avoir de quoi parler toi et moi. Dans mon bureau. Tout de suite. » Eh merde. Il pense bien un bref instant à se défiler et à courir comme un dératé dans le sens opposé en passant les prochains mois à se planquer pour que jamais Grey ne le retrouve mais le professeur semble, lui aussi, avoir envisagé cette possibilité et il l'attrape brusquement par le bras, le traînant dans son bureau. « Assis. » Ca craint, se dit-il pour lui-même comme il le voit refermer la porte sur eux. C'était quoi déjà les rumeurs concernant le prof de vol déjà ? Sur le coup, un peu dans le pétrin, il n'arrive pas se les rappeler, trop obnibulé par la façon dont il va bien pouvoir se sortir de ce guêpier et, il a beau réfléchir, il ne voit pas comment il pourrait faire pour lui faire oublier ce qu'il a entendu. Sans mot dire, il se laisse tomber sur l'un des sièges, ramenant son sac sur ses genoux tandis que ses doigts triturent nerveusement la sangle. « Donc, je suis pompeux et arrogant ? Mais c'est très bien tout ça ! Tu sais que tu es censé devoir le respect à TOUS tes professeurs ? Pas seulement à celui de métamorphoses. » Il lui dirait bien, qu'en fin de compte, il ne respecte pas particulièrement le prof de métamorphoses non plus, c'est juste que sa matière lui paraît un peu plus intéressante que les autres, mais il n'est pas certain que cela le calmerait et, à le voir tourner dans la pièce comme un hippogryffe en cage, il se dit qu'il ferait mieux de la boucler pour l'instant. « Sérieusement, tu peux m'expliquer ton problème ? On te demande pas d'exceller dans toutes les matières, mais au moins d'y participer sans râler. Putain c'est pas compliqué ! » Luke détourne le regard ; comment lui dire que s'il le voulait, il excellerait partout ? Après tout, tout cela n'est toujours qu'un moyen comme un autre de faire chier son père. Royalement. Mais il ne va pas lui expliquer ça à lui. Il ne comprendrait pas, c'était un prof après tout. Il était peut-être jeune et il avait peut-être l'air moins psycho-rigide que les autres mais ça restait un prof, alors il garde ses prunelles grises obstinément fixées sur ses pieds et ça ne le fait paraitre que plus insolent encore. « Tu sais quoi ? Ça fait longtemps que j'ai pas collé quelqu'un. On va dire ... Trois soirs par semaine pendant un mois ? T'en penses quoi ? Ah mais non, j'ai oublié, tu n'as pas le droit de donner ton avis. » Aussitôt, le jeune Irlandais relève brusquement la tête, les mâchoires serrées, furieux. « Mais...! » tente-t-il de protester avant de croiser son regard noir. Il gronde à mi-voix avant d'afficher un air boudeur et de croiser ses bras sur sa poitrine en une attitude résolument fermée. « Fais chier... » marmonne-t-il entre ses dents serrées, pas décidé à s'excuser. S'il croit qu'il va l'avoir comme ça, il peut aller se faire foutre. S'il croit qu'il va se pointer à ses retenues aussi... Agacé, il se lève brusquement, passant la sangle de son sac sur son épaule. « Ca sera tout ? Vous avez eu votre quart d'heure d'autorité alors je peux m'en aller maintenant ? » Et sans attendre la réponse, le voilà déjà qui se dirige vers la porte, insolent comme jamais. Et puis après tout, c'est même pas un vrai prof pas vrai ?

Je ne crois pas que Luke viendra aux retenues, mais je l’espère, parce que de toutes façons, s'il ne le fait pas, il aura des problèmes bien plus gros et emmerdants. « Ça sera tout ? Vous avez eu votre quart d'heure d'autorité alors je peux m'en aller maintenant ? » Sans attendre, il se lève et se dirige vers la porte. « LUKE. Tu sais que si tu ne viens pas à ta retenue, tu auras de gros problèmes ? Et là ce ne sera pas à moi que tu feras affaire, mais au directeur. Tu comprends ? » La porte se referme. Je m'assieds à mon bureau et soupire. On verra bien. Je n'ai même plus faim, alors je me mets à mon courrier, en espérant que le temps passera vite.

Deux jours plus tard.
Première retenue de Luke, et évidemment, il n'est pas là. Il a bien reçu le hibou qui lui annonçait l"heure et le lieu de sa retenue, car il l'a ouvert ce matin dans la Grande Salle, je l'ai vu. Cela ne voulait pas dire qu'il viendrait, oh non. Juste qu'il savait où il devrait être. Mais je crois qu'il en a décidé autrement. Je suis donc assis à mon bureau en train de regarder ma montre. Encore cinq minutes et je vais le chercher. Ce n'est pas dans mes intentions de lui attirer des problèmes, car je pourrais prévenir le directeur, mais je n'en ferais rien. Je veux seulement qu'il comprenne que ses conneries deviennent assez emmerdantes pour lui attirer de vrais ennuis, et qu'il va être temps qu'il se reprenne. Les cinq minutes sont écoulées, et j'enfile de nouveau mon pull. Je pars à la recherche de Luke. Il est bientôt huit heure, et le soleil s'est couché depuis longtemps. « Lumos » C'est déjà mieux. Je ne sais pas où aller, et encore moins si je vais trouver Luke, mais je ne me décourage pas et me met en route. Je me rends d'abord à la Salle Commune des Serpentard, mais il n'y est pas. C'est tout de même coolos d'être prof, on a accès à tout dans le château. Déjà, j'entends mon ventre gronder. J'aurais dû manger un peu plus tout à l'heure. Je me dirige donc vers les cuisines.
Les elfes m'adulent, et me donnent des tonnes de choses à manger. Je ressors de la cuisine les bras chargés de victuailles et un grand sourire aux lèvres. Mettez moi de la bouffe dans les mains et je serais heureux ! Je sors du château pour aller m'installer sur les gradin du terrain de Quidditch. Eh oui, je suis comme ça, j'ai mes lieux préférés et celui-ci vient en premier, avant mon appart et les bras de Luka. J'ai dit ça ? Non, pas du tout ! Je m'installe dans les gradins, et, trop occupé à disposer ma nourriture sur le banc d'en face, je ne fais pas vraiment attention à ce qui se passe autour de moi. Il faut dire qu'a cette heure, il n'y a plus personne dehors. Vu qu'il fait un peu froid, je lance mon enchantement préféré, celui qui fait des jolies flammes bleues qui flottent dans les airs. Je me prépare un méga sandwich avec tout ce que les elfes m'ont donné et, tout en mangeant, je réfléchis au cas de Luke. Je ne le comprends pas vraiment, on dirait qu'il est insolent pour montrer quelque chose, ça ne fait pas naturel. J'étends mes jambes, et me couche carrément sur le banc, pour regarder les premières étoiles apparaître. Le silence autour de moi est reposant. J'écoute attentivement, en espérant entendre quelque oiseau du crépuscule chanter et à ma grande surprise j'entends tout autre chose. Un bruit de respiration. Juste a côté. Je tourne la tête et je découvre, caché sous le banc à côté de moi, Luke. AHAH. Je lui fais un grand sourire, tout en me demandant ce qu'il fait là, comment il est arrivé ici et ce qu'il comptait faire. « Salut, on se connait ?»

« Salut, on se connait ? » « Ouais, c'est ça. » Luke s'extirpe de sous le banc et son visage est illuminé par la lune? Il a la joue rouge et en très mauvais état. « Vous devriez pas être en train de m'attendre pour ma retenue, vous ? » mmh. J'ai une envie soudaine de lui refaire l'autre joue, mais je me ravise. « J'avais faim. » Pas de réaction. « hum. » je me racle la gorge, histoire de lui rappeler que je suis là. « Bon alors, je fais quoi ? Je nettoie les gradins, je tonds la pelouse ou je range la remise ? » « Tu fais bien de me donner des idées ! J'hésitais entre te faire copier des lignes et te faire faire quelques trucs chiants, mais tu viens de m'aider à me décider ! » C'est un mensonge. Je ne comptais pas lui faire faire la moindre de ces choses. J'ai eu deux jours pour réfléchir à ce que j'allais faire et j'ai décidé de lui parler. Sérieux, être prof me réussit pas vraiment, je deviens trop gentil. Lui parler, quoi ! Si mes anciens coéquipiers savaient cela, ils se tordraient de rire. Moi, Peter Earl Grey, le poursuiveur, surnommé "le Centaure Fou", celui qui rentrait dans des défenses imparables, j'ai décidé de parler à un élève, pour le comprendre. Affligeant. Totalement affligeant. « Non, sérieusement, c'est qui qui t'a retourné son poing dans ta face ? Laisses moi te dire que c'est vraiment pas beau. » Et puis merde quoi ! Je suis peut-être chiant, mais pas un connard fini ! Sans que Luke ne me demande quoi que ce soit, je marmonne une de mes formules apprises auprès d'un ami Médicomage et sa joue reprend une allure normale. Et puis, pour me rattraper, je lui lance « Bon, t'as toujours une tête de salle môme, mais t'es déjà mieux ! » Je sais qu'il va râler, mais je m'en fous. C'était gratuit, et à cheval donné, on ne regarde pas les dents. Je le regarde se tâter le visage et je ris. Mon ventre se met à gargouiller si fort que j'en suis moi-même étonné. Je me mets donc à manger mon super sandwich trop cool. « Chi tu veux tu peux prendre à mancher, hein. » J'avale ma bouchée et me mets en tailleur face à lui, un air sérieux sur le visage. « Non, en fait, je voulais qu'on parle sérieusement. J'ai déjà parlé de toi avec les autres profs et ... » devant sa tête, je me dépèche d'ajouter « Rah mais arrête ! Je sais très bien que c'est chiant quand on dit ça, mais il fallait que je sache si tu étais comme ça dans toutes les matières. Moi je me fous un peu que tu ne fasse rien pour avoir des bonnes notes, c'est pas moi qui suis élève. Tout ce que je me demande, c'est pourquoi tu foires délibérément ta scolarité ? » Je suis réellement intrigué, parce qu'en réalité, Luke me fait penser à moi, il y a une dizaine d'années, lorsque je suis arrivé à Poudlard. J'en avais rien à branler des cours, et en plus je faisais ma crise de sorcier. Quand je me suis calmé, en troisième année, la bibliothécaire m'a prise pour un nouveau. Bon, en même temps, j'avais pas mis le pied à la bibliothèque auparavant. Mais pour Luke, c'est un peu différent, quand même. Lui il est majeur, et il est mal parti pour avoir ses ASPIC. « Tu manges pas ? »

« Bon alors, je fais quoi ? Je nettoie les gradins, je tonds la pelouse ou je range la remise ? » Rien de tout ça ne le branche particulièrement mais après la façon dont il a parlé de son professeur, et en sa présence, bien malgré lui, il n'imagine une seule seconde qu'il va l'inviter à boire un thé et le laisser repartir tranquillement. « Tu fais bien de me donner des idées ! J'hésitais entre te faire copier des lignes et te faire faire quelques trucs chiants, mais tu viens de m'aider à me décider ! » Génial. Il lève les yeux au ciel, déjà agacé à l'idée. Et s'il se jetait du haut des gradins, il se casserait peut-être un truc, non ? Aller à l'infirmerie c'était un moyen imparable de faire sauter ses heures de colle, pas vrai ? « Non, sérieusement, c'est qui qui t'a retourné son poing dans ta face ? Laisse-moi te dire que c'est vraiment pas beau. » La moue de Luke s'accentue et cette simple grimace lui tire un sifflement de douleur qu'il retient comme il peut. « J'ai glissé dans les escaliers et je me suis pris la rampe. » C'est un mensonge flagrant mais il ne laisse rien paraître. Sûr que balancer Chris sans le moindre remord lui aurait davantage ressembler mais il ne fait pas confiance à Peter, absolument pas. Tellement plongé dans ses pensées moroses, il ne se rend compte que le professeur a soigné sa joue que lorsque celui-ci le lui annonce d'une manière un peu cavalière. « Bon, t'as toujours une tête de salle môme, mais t'es déjà mieux ! » Il fronce les sourcils, marmonnant un truc incompréhensible avant de porter ses doigts à son visage, tâtant sa peau avec circonspection. C'était déjà ça de pris, il ne serait pas venu pour rien et imaginer la gueule de ce crétin de Gryffondor demain en voyant son visage intact, ce serait juste jouissif. « Chi tu veux tu peux prendre à mancher, hein. » Le jeune Irlandais ne répond même pas, détournant le regard un air un peu grognon sur le visage ; non, il ne fera pas ami-ami avec lui, pas la peine de rêver... « Non, en fait, je voulais qu'on parle sérieusement. J'ai déjà parlé de toi avec les autres profs et ... » Du coup, Luke relève le visage et le fusille du regard, les machoires serrées, mécontent. De quoi il se mêle, lui aussi ? « Rah mais arrête ! Je sais très bien que c'est chiant quand on dit ça, mais il fallait que je sache si tu étais comme ça dans toutes les matières. Moi je me fous un peu que tu ne fasse rien pour avoir des bonnes notes, c'est pas moi qui suis élève. Tout ce que je me demande, c'est pourquoi tu foires délibérément ta scolarité ? » Il gronde et croise ses bras sur sa poitrine, comme toujours lorsqu'il se ferme au monde extérieur. Il est lisible, Luke, et aisément prévisible, si bien qu'il est un livre ouvert pour qui sait le déchiffrer. « Tu manges pas ? » Le jeune élève soupire ; okay, maintenant c'est clair, s'il ne lui répond pas il ne va pas le lâcher. Au mieux il va le harceler de ses questions, au pire il va le coller tous les soirs et faire de sa vie un Enfer... Comme s'il avait besoin de ça en plus. Bien, s'il veut des réponses, il va les lui donner. « Qui a dit que c'était délibéré ? Peut-être que je suis juste un sale petit con stupide et insolent ? » Il plante ses prunelles grises dans les siennes, les sondant effrontément sans la moindre vergogne, un léger sourire provocant sur les lèvres. Sûr qu'il aurait fait rougir n'importe qui avec cet air qui mélangeait allègrement la tentation et l'innocence. Ses doigts se tendent lentement et il attrape une pomme, y croquant nonchalemment, une puis deux bouchées avant de la reposer devant lui, essuyant du bout de son pouce le jus qui a un peu dégoûtté de son menton. Il penche la tête, haussant un sourcil amusé. « Peut-être que je suis prêt à tout pour me faire remarquer... » Sa main passe, d'un mouvement étudié, dans ses cheveux blonds, avant de redescendre sur sa joue, encore meurtrie quelques minutes auparavant. Un sourire presque enfantin pour le coup. « Merci pour ça... Je pourrai narguer la rampe d'escaliers, la prochaine fois que je la croise... » Il laisse échapper un petit rire cristallin avant de s'appuyer sur ses bras et de se laisser tomber sur les gradins, à demi-couché, ses prunelles ne lâchant pas d'un seul pouce celles de Peter. Il n'a pas l'intention de se dévoiler à lui, juste de jouer un peu ; et s'il se permet ce genre de familiarités avec un prof, c'est sans doute parce qu'après tout, c'est Peter qui a commencé...

« Qui a dit que c'était délibéré ? Peut-être que je suis juste un sale petit con stupide et insolent ? » Luke ne se démonte pas et il me regarde avec cet air que je lui ai déjà vu quelques fois, ange et diable tentateur à la fois. Le seul problème, c'est que moi, ce regard là, je le trouve craquant. C'est pas le moment, Peter. Il prend une pomme, croque dedans, tout en continuant de me regarder. « Peut-être que je suis prêt à tout pour me faire remarquer... » Ma main se crispe sur ma cuisse, et je lui en veut un peu d'être craquant juste à ce moment. Je lui aurait bien refait le portrait devant tant d'insolence, mais le fait est que j'y arriverais pas. Il touche sa joue et me dit « Merci pour ça... Je pourrai narguer la rampe d'escaliers, la prochaine fois que je la croise... » Je savais bien que cette histoire de rampe d'escalier était fausse. Je me ressaisis enfin. « Prêt à tout pour te faire remarquer. Vraiment ? » Je pose mes deux coudes sur le banc derrière et renverse la tête face au ciel. « Tu mettrais ton avenir en jeu pour te faire remarquer ? Moi j'en ai fait un avenir qui m'a apporté bien plus de célébrité que je ne l'aurais cru. » Une chouette passe au dessus de nous, en un éclair. « Tu sauterais des gradins ? » Je ris. « Tu pourrais être extrêmement violent ? » Je me redresse et mets mon visage tout prêt du sien. Mes yeux dans les siens, il ne détourne pas le regard. Je pourrais .... mais non. Je veux le provoquer. « Tu franchirais des limites ... interdites ? » Je souris avec malice. « Tu briserais les règles qui séparent les professeurs des élèves ? » Ces règles je les aies déjà brisées. Une fois. Ma première relation avec un homme. Soudain, je me rends compte que ce qui se passe en ce moment, c'est ce qui s'est passé avec mon prof de divination, tellement jeune et canon. Tu t'en fous Peter, tu ne veux pas coucher avec lui, tu veux seulement le provoquer. Oui, ça, c'est vrai. C'est pas la même chose, non ? « Tu ... serais capable de ... faire ça avec un de tes profs ? » Ma bouche se rapproche de la sienne, mais au dernier moment je recule et m'assieds, en tailleur. J'aurais pu, bien sûr que j'aurais pu l'embrasser, mais Merlin seul sait comment il aurait réagi. Non, décidément, ce n'est pas une bonne idée. Autant le coller pour le restant de sa scolarité, c'est bien plus raisonnable. Je cherche en moi ce sentiment qui m'animait plus tôt dans la soirée, cette sorte de colère amusée et intriguée qui m'a amené jusqu'ici. « Vas te coucher. Pour ta prochaine colle, je te conseille d'être là à l'heure, parce que tu vas faire briller les coupes de la salle des trophées. Et je te préviens d'avance, si tu arrives en retard, tu resteras jusqu'à ce qu'elles soient toutes propres, qu'il soit trois ou six heures du matin. » J'ai juste envie de me retrouver seul. Et surtout, j'ai envie qu'il soit loin de moi, avant que je ne fasse des choses qui sont tout sauf catholiques. Je me demande si lui serait consentant. Peter ... Arrêtes, tu sais bien que non. Luke se lève et je sens sa présence brûlante juste derrière moi. Je m'apprête à l'envoyer bouler mais ...

Mais il pose sa main sur mon épaule. Contact brûlant. Ma peau s'enflamme. Non, non, non. Je me retourne et mes yeux rencontrent les siens. « Et si on... s'arrangeait autrement pour... la punition ? » Luke se laisse tomber, à genoux sur le même banc que moi. Aïe.. « J'suis sûr que vous en crevez d'envie... » « Tu crois ? » Je ne sais pas s'il me provoque, s'il est sérieux ou bien s'il cherche à voir si moi, j'étais sérieux. Il rapproche son visage du mien comme je l'ai fait quelques instants plus tôt. Je ne bouge pas, et plus tôt que je ne le pensais, les lèvres de Luke se posent sur les miennes. Ah. Il recule lentement et sourit. « Je reste ou bien... vous restez sur votre première idée de me faire récurer les trophées...? » Je pourrais lui dire de rester. Mais je sais très bien que je ne devrais pas. « C'est à toi de voir. » Je ne peux pas m'empêcher de lui faire un de mes sourires charmeurs dont j'ai le secret. C'est trop tard, les choses sont allées jusqu'à un point où faire marche arrière paraît impossible. Pas impossible, Peter. Juste ennuyeux et idiot. Il fait ça pour nen pas être collé, j'en suis sûr, mais d'un autre côté ... L'idée reste plaisante. En un seul mouvement, rapide et puissant, je le plaque dos au banc et nos yeux sont plus proches que jamais. « Tu ferais ça, pour ne pas être collé ? » Je le maintient fermement contre le banc, pour voir s'il voudra se débattre, mais rien, il reste là, à me regarder. C'est à mon tour de l'embrasser, et j'y mets tout mon talent qui fait tant chavirer les filles et les garçons. S'il résiste à ça, je veux bien faire le tour de Poudlard nu ! Lorsque mes lèvres quittent les siennes, je le regarde à nouveau, pour lui laisser le choix. Il pourrait partir, car j'ai relâché un peu mon emprise. « T'as déjà fait ça avant ? » J'attends pas de réponse, c'est juste pour lui laisser le temps de réfléchir. Mes mains commencent alors à glisser sur son torse. C'est ce moment là que je préfère. Celui ou je ressens chaque frisson de l'autre, chaque respiration. Je sais comment faire d'un tel moment un instant inoubliable. Lentement, je repose mes lèvres sur les siennes. Je resserre mon étreinte, en mettant un bras dans le creux de son dos, et ma main libre s'aventure sous son t-shirt. Il a de ces abdominaux ! Sa respiration s'accélère, comme la mienne. Je le redresse et lui retire son t-shirt. Je pose alors mes lèvres sur son torse, et les fait doucement glisser de plus en plus bas. « Est-ce que tu as peur ? » Ce n'est pas de la provocation. C'est seulement pour savoir si on peut aller plus loin. Je ne le forcerait pas, c'est pas dans mes habitudes, même si j'en ai envie plus que tout.

Faire cela avec quelqu'un de plus jeune que moi (on a sept ans d'écart !) est assez déstabilisant, mais aussi totalement nouveau pour moi. Il s'est relevé et me fait face, son jean bien plus bas qu'il ne devrait l'être. « J'ai jamais fait ça avant, m'sieur. » A cet instant, tous mes principes volent définitivement en éclats. Comme pour me damner en beauté, il rajoute, un air plus que mutin sur le visage« C'est ça qui vous branche..? » Je sens ses doigts se poser dans mon dos. « Parce que je peux être ce que vous voulez... » C'en était fini de ma façade de professeur respectable. Doucement, j'attire Luke contre moi, et ma pull, je ne sais pas comment, a disparu. « C'est tu. Arrêtes avec tes vous. Et surtout, reste comme ça. »

Le soleil me réveille. Comment suis-je arrivé dans mon lit ? Une respiration me fait vite comprendre que je ne suis pas seul. Je tourne mon visage vers le deuxième occupant de mon lit. Luke. Les souvenirs de la veille me reviennent tout à coup. Je sors du lit et met un t-shirt. Je déambule dans la chambre, en regardant les vêtements dispersés un peu partout. Dans le lit, Luke se retourne, resserrant les draps autour de lui. Un coup d'oeil à l'horloge sur le mur m'apprend qu'il est sept heure. Je sors de ma chambre, un sentiment familier m'envahissant. Cette nuit ... Je ne peux pas m'empêcher de sourire. Je vais dans la salle de bain et me fait couler un bain. Lorsque je me plonge dans l'eau brûlante, je sens des frissons monter depuis le bas de mon corps. Je me délasse dans la baignoire immense, renversant la tête en arrière, sur le bord en céramique. Je ferme les yeux et soudain ... Un air de musique s'élève dans mon appartement. Cela ne peut être que lui. Je repense alors à mon statut. Professeur. J'imagine que si l'histoire de notre nuit s'ébruite, je serais bon pour prendre la porte. En tous cas, il ne dira rien. Je crois me souvenir d'un instant, hier, où il m'a dit de ne rien dire, et où il m'a promis de faire de même. J'ai promis. Je me détend dans mon bain, en l'écoutant se balader dans mon appartement. Je tourne la tête, et par l'encadrement de la porte, je le vois. Il a mit mon pull. Je ne sais pas ce qu'il fait, mais en tous cas, il a l'air absorbé dans ses activités. Je referme les yeux et je somnole. Un bruit de pas sur le carrelage me fait sursauter. J'entends le pull tomber par terre, et un instant plus tard, la baignoire accueille Luke. « Il va bientôt être l'heure que tu ailles en cours, tu sais. » Même si j'essaie d'avoir un air sérieux, je ne peux pas m'empêcher de rire. « Mais j'imagine que tu ne comptes pas aller en cours à l'heure. Ce serait trop louche. » La tête un peu sur le côté, un demi-sourire sur les lèvres, je prends sa main. « Décidément, ça ne me va pas de rester seul trop longtemps. Regards moi ça ! Je me retrouve à draguer des élèves ! » Nouveau rire. « Mais ... ça en valait la peine. »

« Parce que je peux être ce que vous voulez... » Il a l'air de rien, le petit Midnight, mais il sait y faire et attirer les gens dans ses filets en jouant les mômes innocents, ça marche toujours. Ou presque. En tous cas, avec Peter, ça fonctionne plus qu'il n'aurait pu le souhaiter et avant qu'il ait pu faire le moindre geste, il se retrouve attiré contre lui. « C'est tu. Arrêtes avec tes vous. Et surtout, reste comme ça. » En temps normal, il aurait répliqué quelque chose de piquant comme "donne-moi des ordres encore..." mais ses prunelles grises sont trop occupées à regarder le torse de son professeur pour qu'il pense seulement à parler. Il sait juste qu'il a encore assez d'esprit pour poser le bout de ses doigts dans ce petit creux adorable formé par son épaule et le reste disparaît sous l'excitation du moment.

Ce qui le réveille, lui, ce n'est pas l'aube qui pointe à la fenêtre mais le bruit de l'eau chaude qui s'écoule à gros bouillon. Il ouvre un oeil, baille , tire le drap sur lui et se redresse lentement. On est où la, déjà ? Ah oui, la chambre du prof... Merde. Mauvaise idée peut-être, après tout. Le genre de trucs qui ne peut que vous attirer de GROS GROS ennuis. Et il n'a pas vraiment besoin de ça en ce moment. Il ferait mieux de s'en aller en catimini, comme il sait si bien le faire, comme il le fait toujours avec les autres. Il est typiquement ce mec qui se vautre dans vos draps et qui disparaît comme une ombre au matin, sans que vous ne puissiez rien faire, parce que personne n'avait encore trouvé la force de le retenir. Il se lève sur la pointe des pieds, cherchant du regard ses vêtements, bien décidé à s'éclipser discrètement. Où elles sont ces foutues fringues ? Peu importe, il attrape le pull de Peter, l'enfile à la va-vite et part à la recherche de son pantalon, sans succès. Là, on a un problème... Parce que traverser la moitié du château à cette heure-là sans pantalon... c'est simplement impossible. Il gronde, marmonne un truc et finalement soupire avant de hausser les épaules. Il resterait un peu plus longtemps que prévu, ça n'engageait à rien, pas vrai ? Ses pieds sur le carrelage font réouvrir les paupières de Peter et il a un demi-sourire un peu gêné comme il retire le pull, le laissant tomber par terre avant de se glisser rapidement dans l'eau brûlante, laissant échapper un sourire d'aise. « Il va bientôt être l'heure que tu ailles en cours, tu sais. » Sans rien dire, le jeune Irlandais hausse un sourcil moqueur. Sérieusement ? Heureusement le rire de Grey s'élève dans la salle de bains et le jeune élève remue la tête, amusé. « Mais j'imagine que tu ne comptes pas aller en cours à l'heure. Ce serait trop louche. » « En effet... » Il le laisse faire comme il lui prend la main, mais ses prunelles grises semblent poser des milliers de questions. A quoi, il joue ? « Décidément, ça ne me va pas de rester seul trop longtemps. Regarde moi ça ! Je me retrouve à draguer des élèves ! » Luke esquisse un sourire en réponse à son rire et retire lentement sa main de la sienne. « Mais... ça en valait la peine. » « Tu... Vous me voyez flatté que ça vous ait plu... » Il se souvient bien qu'il lui a dit de le tutoyer hier soir mais après tout... ça reste un prof, pas vrai ? Même si techniquement, ce n'est pas un vrai prof. Et puis, réinstaurer le vouvoiement, c'est sa façon à lui de dire que rien de tout cela n'est sérieux à ses yeux. Il doute que Peter le veuille encore dans son lit ce soir, de toutes façons. N'empêche qu'il avait raison quand il disait à Aodh qu'il se tapait ses élèves, il en avait la preuve désormais. Il ne pouvait juste pas vraiment en parler... Il se laisse glisser légèrement, plongeant la tête sous l'eau avant de ressortir son visage de l'onde, ses boucles blondes tombant en mèches indisciplinées sur sa figure. « On oublie la retenue, alors ? » Il dépose un baiser rapide sur ses lèvres avant de sortir de l'eau, de se sécher brièvement dans uns serviette qu'il enroule autour de sa taille et de repartir à la recherche de ses affaires. Il tombe sur son pantalon, enfin, et l'enfile à même la peau ; tant pis pour le restant de ses vêtements, il n'a pas vraiment envie de s'attarder à les chercher. Il revient dans la salle de bains, récupère le pull de Peter qu'il a laissé au sol quelques minutes plus tôt. « J'le ramènerai, promis... » Un sourire malicieux et il disparait comme une ombre fugace...

« Tu... Vous me voyez flatté que ça vous ait plu... » Alors c'est ainsi. Ce vouvoiement me fait comprendre que ce qui s'est passé cette nuit n'engageait à rien. « On oublie la retenue, alors ? » « Peut-être. » Je ne lui promet rien, parce qu'il n'est pas à l'abri de se refaire coller, s'il continue comme avant. Je veux pas qu'il devienne mon amant, ou je ne sais quoi Ce qui s'est passé cette nuit ne nous engage à rien. Il sort de l'eau et enroule une serviette autour de sa taille. Lorsqu'il paraît à nouveau, il porte son pantalon. Il prend alors mon pull et l'enfile. « J'le ramènerai, promis... » Et il disparaît pour de bon.

N'ayant plus mon pull préféré, je mets une chemise et m'attaque au ménage. L'heure d'aller manger arrive très vite. Je descends à la Grande Salle et m'installe à ma place. Pas de trace de Luke. Tant mieux, ça m'évitera de rougir sans le vouloir, et d'avoir l'air d'une fillette amoureuse. D'autant plus que je ne veux pas que qui que ce soit se doute de quelque chose. Je me demande simplement s'il viendra en cours. La réponse ne tarde pas, car cet après midi, je dois justement avoir cours avec les sixièmes années. Il est là ! Enfin, il nous fait l'honneur de sa présence. J'imagine que c'est sa façon de me remercier. En tous cas, il y met presque de la bonne volonté ! Le soleil décline rapidement, et le cours touche à sa fin. C'est toujours l'hiver, et on dirait que la douceur de la soirée de la veille à fait place au froid mordant. Déjà, tous les élèves m'ont dit au revoir, et je me mets en route pour le château. Devant moi, par terre, un balai n'a pas été rangé. Je devine que ce ne peut être que Luke. Qui d'autre ne range pas son balai ? Je regarde autour de moi, mais je ne le vois pas. Je prends le balai et me dirige vers la remise. Il est là, adossé à la paroi en bois de la cabane. Je l'ignore et ouvre la porte. Le balai rangé, je sort de la remise. Il est toujours là. Il porte mon pull. Je lui fais face et scrute ses pupilles grises. « Je pourrais te coller encore, si je le voulais. Mais on va dire que pour l'instant, tu es blanchi. Je ne te demanderais pas de passer une nouvelle soirée avec moi. Tout ce que je te demande, c'est de montrer un tout petit peu plus d'attention à ta scolarité. » Son sourire moqueur ne m'assure pas qu'il le fera, mais au moins, j'aurais essayé. Mon regard tombe à nouveau sur mon pull. Sur Luke, il fait vraiment grand. Je me rends alors compte que je trouve mon élève plus que canon. Mais il est ton élève. Peut-être. Pourtant il n'a pas opposé de résistance hier. Au contraire, il a fait des choses que même moi je n'aurais pas osées avec lui. Je lui retire le pull, et il se laisse faire. « Merci pour mon pull. » Alors je pose mes lèvres sur les siennes, et je sens mon corps s'enflammer, sans que je le veuille vraiment. Nous sommes là, lèvres contre lèvres, un endroit où nous cacher juste à côté. Luke me rend déjà mon baiser. De nouveau, les choses prennent une tournure plus qu'étonnante. Ce soir, je ne serais pas seul, je crois.