«Hé Greg j’ai besoin de toi ! » Salut Rudy, moi aussi ça me fait trop plaisir de te revoir, depuis le temps et tout, mais là je suis en train de partager un moment intime avec mon petit-déjeuner, donc si tu pouvais te casser… Ah non, me fais pas ces yeux-là. Rudy, putain, arrête de tirer cette gueule, j’essaye de manger en paix, et ça va pas marcher si t’es à côté de moi en train de faire ta tête de chiot abandonné. Mais Rudy n’arrêta pas, peu impressionné par le monologue intérieur de Gregory. Soupir. T’es chiant, cousin ; heureusement que je t’aime, au fond. Très bien, puisque c’était comme ça, il reviendrait manger plus tard. Se levant sans plus de cérémonies, il quitta la table des Blaireaux en compagnie d’un cousin sautillant, à croire qu’il s’était transformé en elfe des bois pendant la nuit. Il n’avait aucune idée de ce que le Serpentard avait encore mijoté, mais connaissant son caractère de savant fou, il était partagé entre l’excitation et l’appréhension : soit ils allaient trouver l’invention du siècle, soit ils risquaient encore de se retrouver à l’hôpital. Quoique – est-ce que les sorciers avaient des supers-pouvoirs de guérison ? Probablement, vu combien de fois on lui avait expliqué que Rudy avait eu « plus de peur que de mal » suite à des accidents où lui-même se serait facilement pris plus de trois semaines alitées en attendant de pouvoir remarcher. Dire que ce sale con n’avait même pas tenté de le guérir avec sa magie, ne serait-ce qu’une seule fois, le laissant plutôt s’emmerder sur son lit d’hôpital tandis que lui était libre d’aller jouer au foot avec leurs amis. Et ça se disait de sa famille, non mais j’vous jure. Pendant que Greg ruminait contre son traître de cousin, ce dernier l’avait entraîné dans des couloirs labyrinthesques après couloirs labyrinthesques, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent dans une partie du château totalement inconnue de la part du Poussoufle – ceci dit, après une nuit passée ici, ce n’était pas étonnant ; les seuls lieux qu’il avait repérés étaient sa salle commune, la grande salle et les cuisines, parce qu’il faut avoir les bonnes priorités dans la vie. Ceci, à première vue, le laboratoire improvisé du cinglé qui lui faisait signe d’être silencieux n’était pas exactement un lieu accessible par tous. Bah oui, sinon ce ne serait plus le laboratoire secret d’un savant fou, bande de crétins. Tandis qu’il admirait les lieux, Rudy surgit sans prévenir et lui arracha un cheveu, tirant également un rugissement outré de la gorge du blond, qui se retint de donner un coup à son cousin. Mieux valait ne pas déconcentrer l’artiste, surtout quand il faisait cette tête-là. Le cheveu tomba dans la marmite. Un… Deux… BOOM.

Le jeune homme aux yeux bleus entrouvrit doucement ses paupières, et passa sa main sur son visage pour l’en décoller verte et poussiéreuse. «Sorry baby, c’était plus fort que moi. » Ha. Ha. Pour toute réponse, le poing de Gregory vint rapper l’épaule de son cousin, découvrant au passage que trois de ses doigts étaient cassés, et son autre épaule peut-être déboîtée. Bravo, cousin. « Nom de Dieu, Ruru. J’crois que tu viens de battre ton record d’explosion, là. » La dernière fois qu’autant de dégâts avaient été causés, c’était lorsqu’ils avaient 14ans, et qu’ils avaient trouvé une recette de cocktails Molotov sur l’internet. Autant dire que, s’ils avaient raté la préparation en soi, ils avaient quand même réussi à faire sauter la malle de Mémé, verrouillée depuis quarante ans ou plus. Malheureusement, ils avaient aussi réussi à mettre le feu à son contenu, brûlant ainsi la moitié d’une photo de toute façon mal cadrée, mais dont la perte était devenue un crime en ce qu’on ne saurait jamais qui figurait dessus. Bref. Cette fois-ci, les seules dommages semblaient avoir été physiques : trois doigts cassés qui commençaient à enfler, une douleur sourde là où sa tête avait frappé le mur, et des brûlures sur les bras. Ils s’en étaient plutôt bien tirés, au final : plus de boum que de aïe, pour simplifier. Et Rudy qui lui souriait comme un con, tout fier de son résultat : s’il comptait les faire sauter, il aurait plus prévenir, il aurait mis des vêtements moins neufs. « Alors comme ça, Hufflepuff ! » « On dirait bien – c’est sûr que j’risquais pas de finir chez les Ravenclaws ou Gryffindors, avec leurs principes de nazes. Puis les Blaireaux, ça me va bien. C’est vicieux, mine de rien – tu vas pas les emmerder quand ils cherchent à manger, eux ! » Regard accusateur en direction du cousin. Tu vois c’que j’veux dire, j’espère. « Bon, c’est comment la vie ici ? On est plutôt chez la bonne fée ou chez la vilaine sorcière, niveau magie ? Non parce que si c’est pour apprendre à exaucer les vœux et transformer les citrouilles en carrosse, je me casse direct. Tu pourras avoir des ailes à paillettes pour toi tout seul ; moi j’préfère encore aller troquer ma voix contre une vie normale chez Ursula. » Vous ai-je dit que Gregory est un grand fan des Disney ? Au cas où vous n’auriez pas remarquer, les deux-tiers de ses phrases sont truffées de référence à ces classiques de l’enfance ; il connait toutes les chansons par cœur, même celles les moins écoutées. Bon, c’est vrai qu’il se contrôle quand il est dans les rues de Liverpool, mais là c’est Rudy, Ruru, Rudychou comme l’appelle sa môman, c’est le gamin qui crisait pour regarder le Roi Lion en boucle quand ils étaient plus jeunes (et encore aujourd’hui, même s’il l’avouerait jamais), alors tout va bien. « Sinon, t’aurais pas un sort pour nous réparer ? C’est pas que je me fais chier dans cette position, mais entre les os explosés et les brûlures, t’as fait fort. Allez cousin, tu dois bien avoir une potion magique à nous donner, par Toutatis ? » Sinon, il aimait bien les Astérix et Obélix, aussi.

Merlin, ça avait été radical. Aucun temps d'hésitation, aucun semblant de transformation. Juste, l'explosion. Et quelle explosion. Il en avait connu des accidents, le JKing, petits comme gros, qui lui avaient valu des soins plus ou moins forts, intenses, prolongés. Mais là, là, c'était quelque chose. Le message avait le mérite d'être clair : solution à revoir. Quelque chose n'avait pas marché et Rudy n'allait pas tarder à chercher à comprendre le pourquoi du comment. C'était peut-être le cheveu de Greg après tout. Oui, ça devait être ça. Trop blond. Ou trop plein de résidus de substances chimiques. Merlin, quel crétin ! C'était sans doute ça. Les cheveux gardaient une trace de stupéfiants jusqu'à plusieurs semaines après la consommation. Mauvaise interaction entre les produits chimiques. BOUM. "Nom de Dieu, Ruru, je crois que tu viens de battre ton record d'explosion là !"
C'est marrant parce qu'on peut pas dire que tout l'monde soit apte à rire de tels évènements. Rudy, lui, pourtant ça lui arrachait d'énormes sourires. Parce qu'il avait l'humour facile et une bonne part d'auto-dérision. Faut pas croire, rien de tout ça n'était pris à la légère dans l'esprit de JKing, et la frustration de ne pas avoir atteint un quelconque objectif (si ce n'est de savoir que plus jamais il ne devrait suivre ce protocole expérimental) était intacte. Mais allez quoi, ça ne rajoutait que du piment à l'invention ! Du défi. Du défi ! Il n'avait qu'une hâte, se relever et repartir dans sa cachette pour méditer autour d'un bon jus de citrouille.

Mais en attendant il se contenta simplement de tourner la tête vers son cousin dont l'image lui arracha un rire profond. On aurait dit un lionceau qui avait fait face à un scroutt à pétards. "C'était dingue ! Mais en toute sincérité, je crois que quelque chose n'a pas marché" Il haussa un sourcil et plissa les lèvres en une expression résignée qui ne pouvait que paraître comique. Puis, après avoir évité la misérable tentative de son Gregou il leva un bras brusquement, tendant un index accusateur contre le néo-sorcier. "Avoue vermine ! Qu'est-ce que t'as pris dernièrement ? Je suis sûr que c'est ta foutue addiction qui a fait foirer mon expérience" C'est un peu l'hôpital qui se fout de la charité (c'est ça l'expression, non ? Rudy n'a jamais vraiment su ni compris ce que ça signifiait à vrai dire), mais c'est ça qui est risible. D'autant plus qu'il en paraît presque menaçant le JKing. Enfin, jusqu'à ce qu'il ne relaisse tomber son bras le long du lit, dans un souffle théâtral. Fiou, trop d'efforts. Une nuit blanche et une explosion, il avait déjà donné suffisamment pour un début d'année. "En gros, tu m'en dois une" Bah voyons.

L'heure était maintenant au bilan des dégâts. Dans un ultime effort Rudy se redressa et poussa un petit cri d'horreur en constatant que l'un de ses bras était entièrement entouré d'un bandage. Oh Merlin ça devait être le bras qui avait un peu trop traînassé au-dessus du chaudron. Pour le reste, pas grand chose. Quelques douleurs au niveau des côtes et des picotements par-ci par-là. Des traces verdâtres un peu partout et une odeur de brûlé accrochée aux vêtements. Heureusement il avait eu le bon sens d'enfiler ses fringues de sorcier dans l'intention de filer directement en cours après l'expérience. Il chercha un instant l'horloge des yeux (trop loin, pas de lunettes, il fronce les sourcils, n'y voit que dalle mais finit par comprendre qu'il aura raté sa première matinée). Bingo. "...c'est vicieux mine de rien - tu vas pas les emmerder quand ils cherchent à manger eux !" Deuxième sourire toutes dents "J'me disais justement que c'était le bon moment pour que tu commences un régime"

Ils étaient un peu comme ça les deux cousins. Toujours à se foutre un peu l'un de l'autre. Deux p'tits cons, en somme, qu'il valait mieux avoir avec soi que contre soi. Décidément Poudlard devenait de plus en plus en proie aux gangs, entre les Hemingway et eux deux, ça allait bientôt virer à l'anarchie. "Mais sinon tu crois vraiment que j'ai une tête à transformer les citrouilles en carrosse ? Non, ici j'sais pas. Y'a des règles et tout, mais au final on s'en fout un peu et on fait c'qu'on veut. Enfin, moi en tout cas" Ah oui c'est peut-être pour ça qu'on l'a pas nommé préfet en y réfléchissant un peu. "Et t'es grave avec tes références. Scar for the win" C'est un peu le moment où la chanson Soyez Prêtes lui résonne dans la tête et où il commence à chantonner en douce avant de finalement prendre son courage à deux mains et se relever. En sorts de médication il s'y connaît le Ruru, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais par contre y'a un petit détail qui conditionne un peu le tout "Euh t'as pas vu ma baguette ?" Un bon episkey et c'est réglé. "On s'soigne, on s'tire et on va boire un coup ?" Ah bon il est que dix heures ? Et pourquoi y'a aucune infirmière quand on a b'soin d'elles ?

« C'était dingue ! Mais en toute sincérité, je crois que quelque chose n'a pas marché. » Greg ouvrit grand les yeux. « T’es sûr ? » Non mais vraiment, moi je pensais que toutes tes expériences visaient simplement à nous faire exploser. Faut avouer qu’à force que ça finisse en ce scénario-là, on pouvait bien se demander si c’était fait exprès. Et puis bon, les explosions c’est toujours cool, Hollywood nous l’a bien appris. Même si dans Hollywood, les personnages doivent tous avoir le squelette renforcé de Wolverine, parce qu’ils se prennent rarement autant de blessures, alors que les explosions sont cent fois plus violentes que celles-ci. Ou alors ils sont tous secrètement sorciers ? Ou alors personne à Hollywood n’est foutu d’aller vérifier les faits scientifiques de leurs films, parce qu’au final, tout le monde s’en branle sauf Greg, que ça intéresse seulement parce qu’il aimerait savoir comment éviter le genre de situation dans laquelle il se trouve. Bref, voilà que Rudy partait en mode Emile Zola, le doigt pointé de manière accusatrice sur son cousin. De quoi ? « Avoue vermine ! Qu'est-ce que t'as pris dernièrement ? Je suis sûr que c'est ta foutue addiction qui a fait foirer mon expérience » « Si t’es pas content, t’as qu’à aller t’en prendre à mon charlatan de fabricant… Oh pardon, c’est toi. » Il lui tira la langue amicalement, comme quand ils avaient cinq ans. « En gros, tu m'en dois une » La bonne blague. « Permettez-moi de vous contredire, très cher, mais vu le nombre de fois où vous avez causé ce genre de dégâts dans ma chambre et sur mon corps, c’est vous qui m’en devez une. » Il ne comptait plus le nombre de fois où les ‘brillantes’ idées de son cousin l’avaient envoyé dans un lit d’hôpital ; c’en était venu au point que les infirmières de la clinique le reconnaissaient de vue, connaissaient ses dessins animés préférés, les légumes qu’ils n’aimaient pas, etc. Une deuxième famille au fond, même s’il se serait bien passé de ces rendez-vous réguliers avec les murs blancs suintant le désinfectant en quantité industrielle. Et l’autre qui continuait, comme si de rien n’était. « J'me disais justement que c'était le bon moment pour que tu commences un régime » « Merci mais tout le monde cherche pas à avoir le même look d’enfant du tiers-monde que toi. » Dur, Greg. Il est pas si maigrichon que ça, Rudy, enfin ! C’est juste qu’il passe plus de temps à touiller ses potions qu’à prendre de l’air frais, mais sinon ça va, il tire pas une tête de vampire non plus. [color=burlywood] « Mais sinon tu crois vraiment que j'ai une tête à transformer les citrouilles en carrosse ? » Bah… Ouais. « Non, ici j'sais pas. Y'a des règles et tout, mais au final on s'en fout un peu et on fait c'qu'on veut. Enfin, moi en tout cas. » « Okay, cool. J’vérifiais juste que j’allais pas finir enfermé dans une lampe magique pour toute mon existence… Enfin ça c’est les génies, mais même. » [color=burlywood]« Et t'es grave avec tes références. Scar for the win » « Ouais, avant j’t’aurais suivi direct, mais depuis The Princess and the Frog, j’sais pas, j’suis en kif sur Dr Facilier… I got friends on the other side, baby! » Et puis faut l’avouer, la Nouvelle-Orléans, les années vingt, tout ça, c’est le swagg absolu. Avec des alligators qui jouent de la trompette, des lucioles amoureuses des étoiles, une poupée barbie hystérique en tant dans le rôle de la meilleure amie de Tiana, c’est des barres ce film j’vous jure.

« Euh t'as pas vu ma baguette ? » « Pas depuis que j’ai perdu connaissance, nan. » « On s'soigne, on s'tire et on va boire un coup ? » « ‘Spèce d’alcoolo. Mais ouais, d’accord. » Ce disant, il tenta de se relever sans utiliser ni sur son épaule déboîtée d’un côté, ni ses doigts cassés de l’autre. Autant vous prévenir tout de suite, ce fut un fail absolu : il retomba contre le mur, grimaçant de douleur. Quel boulet son cousin, il aurait pu lui casser tout dans un seul bras au moins, pas l’handicapper des deux côtés. Et lui qui semblait avoir les côtes cassées n’était pas prêt d’y arriver non plus. Ils étaient condamnés à rester là, comme des larves, en attendant qu'une infirmière ne daigne se ramener et faire son boulot, ce qui aurait du être fait il y a longtemps vu que l'infirmerie était vide. Roulant la tête de l’autre côté, il fronça des sourcils. « Ah, le bout de bois là-bas, il ressemble à une baguette. Enfin, autant qu’un bout de bois possiblement magique peut ressembler à un bout de bois certainement magique. » Au cas où vous n’aviez pas remarqué, les baguettes sorcières sont vraiment inutiles, surtout si vous la faites tomber dans un bois : n’importe quel Moldu peut se ramener et la ramasser pour son feu, et là BOUM. Mais boum mille fois pire que tout ce que Rudy pouvait concocter de son côté (ceci dit, personne n’était tenté de l’en mettre au défi). Bref. La cible localisée, il était temps de faire une deuxième tentative ; tant pis pour la douleur. Cette fois-ci Gregory mit pression sur la paume de sa main gauche pour s’aider à se relever, minimisant du mieux qu’il pouvait celle qui se distribuait sur ses doigts, tandis que son bras droit pendait à son côté, plus inutile qu’une béquille en gélatine. Mais ça y est, il était debout, enfin si « appuyé contre le mur pour empêcher sa tête de tourner » comptait comme debout. On va dire que oui hein, pour ne pas démoraliser les troupes. « T’as intérêt à me payer mes bières quand tout ça s’ra fini. » Doucement, il se mit en marche, les quelques mètres le séparant de son objectif lui semblant un désert d’incertitude. Un pas… Deux pas… Trois pas… Quatre… Cinq…Six…Sept…. Ah non, au final ça allait, sept enjambées et il y était ; il devenait aussi myope que son cousin, c’était mauvais signe ça. Se penchant au dessus de la table où traînaient leurs affaires, il ramassa la baguette entre son pouce et son index, seuls doigts épargnés par le cataclysme, et refit le chemin qui le séparait de son cousin, toujours étalé sur son lit. « Au fait, l’alcool des sorciers… C’est magique aussi ? » Plus magique l’alcool sorcier, quoi. « Genre vous le faites à partir de plantes magiques ou c’est la même que chez nous ? » Ce disant, il lui tendit sa baguette, avec un clin d’œil qui disait : allez c’est à toi de jouer maintenant.