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 I know I've got a big ego. I really don't know why it's such a big deal, though.

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Météore V. Lovelace

Météore V. Lovelace


▽ date d'inscription   : 30/03/2013
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MessageSujet: I know I've got a big ego. I really don't know why it's such a big deal, though.   I know I've got a big ego. I really don't know why it's such a big deal, though. EmptyVen 5 Avr - 12:02


Le banc gémit.

Première arrivée. Dernière partie.

D’une fidélité que n’émousse pas le temps.

C’est un amour constant et charnel. Une jouissance physique, féroce. Une envie. Un besoin. Une addiction.

Tu le sens. En toi. Sous ta peau. Déjà dans ton corps. Dans ton âme. Jamais rassasiée, tu réclames plus d’un grognement frustré. Tu accélères le rythme. Tu sais que tout va bientôt disparaître.

Tu l’engloutis et montes brusquement les sept étages célestes.

Oui, tu es dans la plénitude la plus totale.

Tu manges un cupcake.

Enfin, un cupcake et sa cinquantaine de petits-frères. Tes papilles sont en pleine partouze, débordée par les doses massives, et pourtant habituelles, de sucre que tu leur imposes comme un marathon du gras. Tu te dépêches. Tu engloutis tout ce que tu peux. Parce que dans trois secondes, c’est petites putes d’elfes vont t’arracher ton orgasme culinaire.

En effet, à peine agrippes-tu une dernière pâtisserie au pamplemousse que ton coït alimentaire se voit interrompu.

On l’aura remarqué à ta silhouette de rêve, tu as toujours entretenu un rapport très particulier avec la bouffe. Aussi, il est facile d’imager dans quel état de veuvage tu te trouvais face à cette règle complètement débile qui exigeait le retrait de toute forme de comestibilité dans la Grande Salle passé trois heures de repas, comprenez banquet, de midi.

Enfin. Veuve éplorée, veuve éplorée. Disons que le chagrin ne l’empêche pas d’exploser un verre de rage sur le sol.

Les quelques élèves assez cinglés pour avoir traîné sur les lieux jusqu’à cette heure tardive avec la vision assez immonde de toi digér-aimant prennent conscience de leur erreur et tentent de s’écarter. Tentent de fuir.

Tu hésites à en éborgner un à coup de petite cuiller puis, remarquant que les couverts ont également disparus, te résignes à laisser intacte la constitution physique de ton entourage. Te relevant cérémonieusement, tu agrippes le petit rescapé à glaçage rose, décides de le garder pour la route et t’avances jusqu’aux immenses portes, ton estomac gargouillant déjà des réclamations de supplément.

Tu croises un deuxième année. Sans hésitation, tu lui balances vivement ton sac dont le tissus est entièrement recouvert d’écussons aux couleurs de ta maison et, d’une voix où roulait un parfaitement inventé accent roumain, lui ordonne de l’amener en salle d’enchantements d’ici deux heures. Tu n’as même pas besoin de son regard terrorisé, quoique tu préférais encore les termes humble et admiratif, et de la tâche humide que tu devines au niveau de son entre-jambe pour savoir qu’il y sera sans faute.

Tu avais toujours eu un don pour trouver des assistants désignés volontaires de qualité.

Tu montes lentement les escaliers mouvants, titillant du bout de la langue la crème de ton petit gâteau, comme pour faire durer plus longtemps le plaisir. De l’autre main, tu replaces ton diadème.

Ouais. Un diadème. Faut bien faire comprendre par un moyen ou un autre aux attardés qui te servent de sujets qu’il y a une hiérarchie sociale un peu plus évoluée que les petits badges du prefectorat. Toi, tu réclamais un statut privilégié, instinctif. Un droit du sang, suprême, incontestable. Karmique. Un concept cosmique gravé dans leurs gènes inférieurs à coup de poings dès le bac-à-sable. Une règle tribale. Immuable. Primitive. La loi du plus fort.

Fort. Forte. Grosse.

Fallait pas avoir potassé Aristote pour comprendre le rapport. Simple règle de trois grammaticale.

Dans ces conditions, nul ne devait douter que tu étais la plus forte de tous.

Ton diadème, fut-il en plastique, c’est un peu un spot de propagande. T’es l’homme-hot-dog des conventions sociales.

La seule différence réside dans le respect. Bah ouais, tu te ballades en saucisse géante, on se fout ouvertement de ta gueule. On te crache dessus. Tu tombes sur le sol, on te donne un coup de pied en espérant que tu roules. T’es le divertissement publique.

Avec une couronne, les gens s’extasient devant ce truc qui brille et chialent devant tes poings. Si ils ricanent, c’est dans ton dos, et le tien est suffisamment large pour encaisser. Si tu tombes, tu n’as pas besoin de leur aide pour leur rouler dessus. T’es la terreur publique.

La Terreur. C’est exactement ça que tu eux imposer autour de toi. Un régime politique en toc. Mais suscitant l’émoi des plus faibles. A l’image de ta tiare.

Après tout, cette connerie à trois mornilles était déjà le principal sujet de convoitise de la semaine des premières années. Les prépubères, le genre à faire du pédalo sur le Lac Noir et à se prendre pour des racailles parce qu’elles ont une décalcomanie au-dessus du cul, étaient fascinées par cet accessoire depuis que, tu t’étonnais encore de la crédulité de ces petites connes, tu leur avais annoncé, sourire Colgate aux dents, que c’était celle de Serdaigle. Légende urbaine de la joaillerie perdue qui était censée te donner toutes les bonnes notes dont ton dossier avait désespérément besoin pour qu’on te donne ton diplôme. En plus de compléter un look parfait.

Bandes de sombres abruties, comme si tu te souciais de ton avenir scolaire.

Il semblait que ces petites vierges fleurant la crème anti-acné bon marché avait développé une propension proprement écoeurante à ne pouvoir vivre sans tapisser de leur langue dévouée la semelle de quelqu’un de plus puissant qu’elles.

Documentaire animalier ambulant, cette particularité largement affichée te répugnait presque autant qu’elle te fascinait. Tu avais rapidement déterminé qu’il y avait tout intérêt à laisser leurs penchants morbides s’exercer sur tes Louboutins blanches plutôt que sur n’importe qu’elle mule boueuse et bas de gamme d’une prof ou l’autre à l’IMC inférieure à 23 et incapable du moindre sévices sexuels.

C’est ainsi que ta tenue du jour, une robe cintrée juste sous tes seins lourds, se terminant juste à ras de tes fesses bombées, à paillettes argentées qui écorchaient les rétines de quiconque osait poser ses yeux dessus quand tu passais dans un rayon de lumière, s’était vue complétée par une veste en cuir noir brillant gracieusement prêtée par une des tes pseudo-amies-elfes-de-maison sans même que tu n’aies besoin de mettre a exécution tes menaces.

Les manches sont relevées jusqu’au-dessus de tes coudes bien hydratés, tu diras que c’est pour un effet swag. Les marques rougeâtres en haut de tes avant-bras potelés clameront le problème technique.

Tu as Histoire de la magie dans… il y a trois minutes.

Tu presses le pas. Et te diriges vers les toilettes.

De la crème fondue étale ses colorants alimentaires sur tes doigts courts. Tu les lèches avidement, essayant tout de même de contrôler tes pulsions, histoire de ne pas retrouver un morceau de phalange calé derrière tes molaires.

Un troupeau de mâle passe, tu te reproches d’avoir mis des sous-vêtements.

La porte est devant toi. Tu l’ouvres d’un coup de pied et, comme attirée, te dirige droit vers les miroirs. Tu apparais dans la surface, souris à ta beauté évidente. Tu te dis qu’à ce niveau, le viol ne devrait même plus être puni et te rends soudainement compte que tu chantonnes.

- I feel pretty… Oh so pretty…

Tu déposes précautionneusement ton cupcake (enfin, ce qui en reste) sur le rebord du lavabo et entâmes une retouche superficielle de ta coiffure.

-I feel pretty and witty and bright…

Ce que tu aimes avec ces miroirs, c’est qu’ils peuvent te prendre toute entière. Et c’est dire leur gigantisme.

-And I pity…

Tu fais une moue grossière que tu prétends être sexy.

-…any girl…

Regard triomphant. Pause vulgaire avec les bras. Putain, heureusement que personne te voit.

-… who is’nt me…


Cheveux agités. Tu ressembles à un bichon (enfin… un St-Bernard, hein) échappé de la noyade.

-… toni… PUTAIN, on peut plus pisser tranquille dans ces chiottes, nan ?

Oui, c’était un réflexe. Quand tu es dans des toilettes, qu’importe ta situation géographique et contextuelle réelle, dans tes beuglements, tu vides ta vessie. Ca a tendance à éloigner le potentiel agresseur en te laissant un minimum de dignité.

Tu venais d’entendre du bruit. Des bruits. Particulièrement suspects.

Tu ne peux supporter l’idée que quelqu’un ait pu t’espionner sans que cela fasse partie d’un de tes plans. Tu as des plans pour tout. Tout le temps. Même quand tu n’en as pas, ça fait partie d’un plan plus grand. Or, ce bruit n’entre pas dans tes derniers calculs. Il doit être éradiqué.

Gardant l’œil sur ta pâtisserie, tu fonces jusqu’à la porte, prête à démolir l’imprudent qui est sans doute planqué dans le couloir puis te figes soudainement.

L’oreille tendue, tu prends conscience.

Le bruit ne vient pas de dehors. Mais de dedans.

Sans un mot, tu sors ta baguette.

Un bruit de loquet claque dans la serrure.

Tu te retournes, méfiante. Tu fais trois pas silencieusement. Puis, d’un seul coup, d’une vivacité que ton poids ne laisserait même pas réalistement envisager, allonge ton bras, fait un mouvement souple du poignet et toutes les cabines des toilettes s’ouvrent violemment.

Dans la deuxième en partant du mur du fond, tu la vois.

-Oh.

Tu restes muette. Soudainement plus pâle.

Elle.

Tes traits flasques de contractent de haine. Entre tes lèvres, sifflent un sourire qui n’annonce pas du bon Karma.

Tu l’observes, penchée sur la cuvette. Ton timbre suinte le dégoût méprisant.

- Ton déjeuner était bon ?

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Saphyr O. Silverstone

Saphyr O. Silverstone


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MessageSujet: Re: I know I've got a big ego. I really don't know why it's such a big deal, though.   I know I've got a big ego. I really don't know why it's such a big deal, though. EmptyMar 9 Avr - 20:51


Repas. Cours. Repas. Cours. Repas. Nuit. Repas.

24 heures. 4 repas. Personne trouve qu'il y a une proportion légèrement trop élevée de repas dans tout ça ? Ca faisait normalement un repas toutes les 6 heures. Et en encore, en virant tout les grignotages hors repas. Ca choquait personne ? C'était le conditionnement de la société. Société de consommation. De surconsommation. La nourriture était omniprésente, écrasante, oppressante. Overdose. Nan, mais merde. On avait pas besoin de tout ça pour vivre. C'est pas comme si la bouffe c'était vital. Fin, p'têtre un peu.

Mais t'étais une Silverstone. Depuis quand, tu te préoccupais de ce qui était sensé être vital ou non ? Comme si, t'en avais quelque chose à faire. Les conventions sociales, c'était un peu ton business, ton p'tit commerce, toi, la reine des faux-semblants, des illusions. Mais, celle là, ça te faisait iech. Alors, tu virais la contrainte à ta manière.

Respirer, c'était la clé. Arrêter de penser. Sourire. Faire semblant d'être zen, relaxé, heureuse. Surtout, communiquer, préciser, la joie que t'apportais le fait que tu allais remplir ton œsophage d'une mixture immonde, se dirigeant droit vers ton estomac, se décomposant en composés non identifiés, lipides, glucides, protéines, et autres graisses non oxygénées, s'insinuant entre tes pores, faisant leurs places, empoisonnant ton être, lentement mais sûrement. Chaque bouchée représentait, des grammes, bien trop visibles, c'était indéniable. Tu le sentais, le savais. Chaque bouchée, c'était un pas de plus vers un corps difforme, gras, délaissant le statut d'être humain pour celui de boule graisseuse, finissant, telle une larve, devenant une Benjamin Button huileuse, enclenchant une régression génétique, jusqu'à l'état unicellulaire. Jusqu'à la fin. La déchéance commençait dès la première bouchée.

Une bouchée. C'était le début de la fin. La fin de l'équilibre. La fin de ton équilibre. Physique. Psychique. Ta fin.

Pas faim. Deux mots, grogné, sifflé, entre tes lèvres. Ils ont l'habitude. Ils n'oseraient pas broncher. C'est à peine s'ils osaient respirer. Tu n'aimes pas les cons avec qui tu « manges ». Ils ne t'aiment pas. Réciprocité nécessaire à la crainte. Pas de place pour l'amitié là dedans. Trop superficiel. Une première année ose poser un regard interrogateur sur l'assiette qu'on t'a assignée et qui reste désespérément vide. Le vide, c'est trop remarquable, ça attire l'attention, c'est le néant, le zéro absolu, les gens n'aiment pas le vide, c'est effrayant. Ca ne t'effraye pas. Tu aimais le vide, tu t'y retrouvais, tu t'y complaisais. Mais, tu te conformais. Ta liberté n'était qu'un mirage, cachant ta prison dorée. A Poudlard, rien ne changeait. Les clés avaient juste changées de mains. On t'avait déplacée, transférée. Animal de foire exposé au public.

Tu as mangé. La gosse semble soulagée. Elle te rappelle ta sœur. Quelle ironie. Comme si tu allais garder cette nourriture. Comme si tu allais rester souillée comme ça. I'm Saphyr bitches. « But if you can look inside you, find out who am I too, Be in a position to make me feel so dam unpretty. » Tu ne tolérais pas l'imperfection. Tu chantonnais. Les toilettes se rapprochaient. Tu sentais la pression sur tes épaules se réduire. Bientôt.

« I used to be so cute to me, just a little bit skinny » Check. Toilettes numéro deux vides. Oh yeah bitches. Tes toilettes étaient libres. Tes toilettes. Oui, tu t'appropriais les lieux, c'était ta petite cabane, ta petite bulle. Tu y laissais tout. Le contenu de ton estomac, soit. Mais, c'était plus que ça. C'était tes problèmes, ce qui t'embrouillait l'esprit, ce que tu voulais oublier, abandonner, déchirer. Il y avait la thérapie par la nourriture. Il y avait ceux qui prenaient des antidépresseurs. Ceux qui payaient un psy. Ceux qui plongeaient dans les drogues dures. « I've tried different ways, but it's all the same. At the end of the day I have myself to blame. » T'avais ta méthode personnalisée. Saphyr's way of life.

La porte s'ouvrait avec fracas, t'explosant le pied au passage. Tu sens la rage monter en toi. Qui osait ? Avant de te retourner, tu arranges tes cheveux, ton visage, ta tenue. Alors, lentement, tu te retournes pour faire face à... la bête humaine. Ta main se plaque sur ta bouche. Oups. Nausée. Ton regard se fait acier, scalpel près à la liposuccion. Tu souhaites être aveugle. Tout plutôt que la rencontrer. Ton exact opposé. Liaison cosmique de la balance. « Je digère mal le poisson. Tu n'as pas eu ce problème n'est ce pas ? Quelle chance. Mais c'était excellent. Les elfes, sont tellement doués, le repas ne peut être que brillant. Heureusement pour toi, ils prévoient des quantités conséquentes. Mais ça ne te suffit peut être pas ? Je suis désolée, j'ai rien à manger sur moi. Ca va aller ? Si tu sens que tu vas faire un malaise, dis le moi, que j'essaye de t’emmener à l'infirmerie. » Tout en parlant, tu avances. C'est ton espace. Tu ne lui laisses pas l'accès. Jamais. Pas elle. Vos parents sont loin. Les pyjamas partys dans les toilettes, ça va aller. « Bon. Lovelace. Crache le morceau. Enfin... C'était une image. Continue de mâcher s'il te plait. Je ne veux pas savoir ce que t'es encore en train de manger. Tu voulais me parler ? T'avais un truc à me dire ? A me raconter ? Je te manquais, tu voulais qu'on passe un petit moment pour se raconter nos souvenirs ? Ralalah, je savais que tu étais heureuse de me retrouver. Tu pouvais me le dire ailleurs tu sais... »

Respire Saphyr. On ne vomis pas sur les gens.
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