▽ Alistair, 13 ans

« Face de troll. » « Intello. » « Hm. Rappelle moi à quoi servent les Poufsouffles déjà ? » J'écarquille les yeux. Non, sérieusement, il a osé dire ça ? Je fronce les sourcils, commence à mordre ma lèvre inférieure. Mon regard se plante dans le sien. Brandon, ou Bran pour ceux qui le connaissent. Un frère, mais aussi un calvaire. Un Serdaigle qui se croit au dessus de tout et bien évidemment, la bonne entente n'est pas là. L'un trop coincé, l'autre trop extraverti. Deux contraires. Je me redresse de ce banc, le fixe avec cet air, plus que mécontent. Il lève la tête de son bouquin, puis se met à rire. Nerveusement ou par provocation, je ne pourrais le dire. Mais, il commence à reculer, et moi j'avance. Plus ses pas vont en arrière, plus je me rapproche lui. Un sourire s'incruste sur mon visage, j'ajoute. « Je vais, te tuer. » Et comme seul réflexe ? Bien évidemment, la fuite. Il se met à courir, il manque juste le hurlement peu féminin, et ce serait parfait. Une course folle sur l'herbe, il tente d'esquiver entre le peu d'arbres qu'il y a dans cette cour. Quelques secondes passent, avec chance je le rattrape et vlan. Tout deux au sol, j'essaie de passer mes mains autour de son cou. Mais, c'est qu'il se défend en plus le trop intelligent. Il tente de me repousser au mieux, mais le fait d'être l'aîné me donne bien des avantages. Des grimaces, des injures qui glissent, et tout à coup, je réussis à prendre le dessus. J'ai attrapé ses mains, je le fixe en ricanant. « Alors, tu abandonnes Brandon ? » Son expression de visage dévoile absolument tout. Je pourrais en profiter pour lui lancer un sort, l'étouffer sur place. Une bagarre, diantre que ça peut être pitoyable. Et pourtant, faire trop simple en se lançant des sorts, c'est bien trop facile. Autant utiliser la manière brute. Je me laisse tomber avec nonchalance sur le côté, une étoile de mer, voilà exactement. Je le fixe un instant, nos regards se croisent.
Silence.
Un rire qui brise celui-ci et un autre. A l'unisson. On aura beau dire ce que l'on veut, notre relation se résume à ça. Se taper sur la tronche pour mieux en rire, pour mieux se moquer de nous. Serdaigle, Poufsouffle. Brandon c'est la tête trop pensante, c'est celui qui lève la main tout le temps, contrairement à moi. Non pas que je ne sois pas pensif, mais je suis différent, à ma façon. Puis, lui est brun, je suis châtain ! Toute une marge. Je roule des yeux. « La prochaine fois, je te dévisse la tête. » Il pousse un soupir. Comme si il ne me prenait pas au sérieux, mais il est vrai que j'ai beau parler, je me vois mal lui défigurer le visage. Les autres le font bien assez, je ne veux pas en rajouter. Le combat principal, reste les mots, les petites insultes profondément mauvaises. Qui a dit que les sang-purs étaient des gentlemans en toute circonstance ? Qui a dit qu'ils étaient élégants tout le temps ? Certainement pas moi. Que voulez-vous, c'est l'effet fils Lovelace qui veut ça. Ceux qui ne se prennent plus la tête, qui ne veulent plus correspondre à des pauvres clichés, des étiquettes. Qui brisent le train-train habituel.

▽ Alistair, 18 ans

« Un quoi ?! » J'ai les yeux ronds, le coeur qui implose contre ma poitrine. Aujourd'hui devait être une journée banale, une journée comme une autre et pourtant, cette nouvelle a réussi à tout changer, tout bouleverser. Mon père me fixe avec ses yeux clairs, déterminé. Il roule des yeux, évidemment, j'ai compris ce qu'il a dit. Mais, pour tout dire, je veux juste qu'il me dise : je riais mon fils, ce n'est qu'une mauvaise blague ! Un peu l'humour Lovelace vois-tu ? Et pourtant, j'ai beau voir les secondes défiler, cette phrase ne vient pas. J'ai cette impression de revenir des années en arrière, quand tout se faisait par papier. Je ne pensais pas qu'il était ce genre de sorcier. Je serre les dents, fronce les sourcils. Il est rare que je sorte de mes gonds, mais là ? C'est vouloir diriger ma vie, vouloir laisser de côté ce que moi je peux éprouver. « Un mariage arrangé. Avec la fille aînée des Coleridge. » Je me met à sourire, contre mon grès. Puis le fou rire, nerveux, si nerveux, il résonne dans la pièce, comme une sale mélodie, quelque chose qui ne doit pas apparaitre. J'ai beau avoir le plus grand respect pour mon paternel, mais la situation n'est-elle pas extrême ? A t-il si peur de perdre la notion de sang-pur par ma faute ? Bien sûr, je suis l'aîné et quand il y a des problèmes de famille à régler, c'est pour la tête à Alistair. Calvaire. Mais, allez, il faut relativiser, se dire que c'est pour le bien de tous. Mais là, la pilule j'ai du mal à l'avaler, elle est coincée dans ma gorge. C'est comme vouloir m'enfermer dans une cage dorée, je ne suis pas un oiseau, auquel cas j'en serais un, me faire enfermer dans un lieu restreint serait vouloir ma mort. Je tente de garder la face de mon père, j'inspire un instant puis hausse les sourcils. « Et pourquoi pas Bran ? » Quelle question, seigneur, quelle idiotie ! Aucune réponse. Oui, c'est vrai, pourquoi demander quelque chose quand on sait de toute façon ce qui va être répondu. C'est non négociable, tout est prévu. Je ne connais même pas cette fille, j'ai tout juste dix-huit ans et ... Je suis juste utilisé pour le bon fonctionnement de cette société. Je déglutis, un silence pesant. Après tout, que dire de plus ? Je me vois mal hurler comme un enfant de huit ans. Autant essayer de relativiser, de voir le bon côté des choses et, accepter la tête basse. Ne rien dire, comme toujours. Un son, un bruit, la porte qui grince. Des pas. Bien évidemment je redoute la personne qui est maintenant la pièce. Je lève ma tête. Un regard, je verrais presque des éclairs en sortir, mais ils ne sont pas pour moi. Non, ils sont pour lui. Cet homme qui nous a élevé avec ma mère, durant des années. « C'est pour quand ? » Oh non, pas toi Bran. Ne vient pas mêler ton grain de sel dans cette histoire qui sera et est déjà trop compliquée pour moi. Tu tires la tronche jusqu'à par terre, comme un gosse mécontent, un gosse à qui on aurait volé quelque chose. La date ? Je n'en sais rien. Sur ce coup, je ne suis qu'un pauvre impuissant. « Dans 4 mois. » Il hausse les sourcils, la main posée sur la poignet de la porte. Je suppose qu'il attend que je gueule, que je hurle NON, à plein poumons. Mais, à quoi bon se battre contre l’imbattable ? « D'accord. » Et vlan, la porte se referme d'un coup. Un bruit sec qui me fait tirer une sale grimace. Juste, 4 mois.
Le tour sera joué, la machine lancée.

▽ Alistair, 27 ans

« Papa. Elle est où Maman ? » Assise sur mes genoux, elle me fixe avec ses deux grands yeux bleus. Tout juste 6 ans, et déjà bien trop curieuse. Bien évidemment, il fallait que la question tombe. Je tire une grimace, mordille ma lèvre inférieure. Comment dire aux enfants la vérité ? Hm ? Surtout quand celle-ci ne fait pas forcément du bien. Lui dire que sa pauvre mère a passé l'arme à gauche à sa naissance, ce serait détruire une part d'elle. Oui, elle est trop jeune, exactement, c'est ça. Un jour elle saura, mais pour le moment, je ne veux pas. Je me met à rire, passe une main dans ses cheveux blonds. « Elle est là-haut. » Avec les anges, les animaux, n'importe qui et n'importe quoi. C'est la réponse qui vient le plus souvent à des questions de ce genre. Je ne veux pas briser l'innocence folle de Tahys, non, pas de tout de suite. Elle commence à sourire, hochant la tête, je suppose qu'elle comprend bien la chose. Alors je tente de me souvenir, ce jour précisément, sa naissance et tout ce qui a suivi. Bizarrement, je n'ai jamais pleuré de la mort de ma " femme " après tout, nous n'étions ensemble que pour l'apparence, que pour faire plaisir à nos parents. Nous étions trop différents, toujours à nous hurler dessus et c'est celui qui hurlait le plus fort qui gagnait. Pas d'amour, peut-être une amitié bien étrange, mais rien de bien profond. Juste pour cette histoire de sang-pur, cette histoire de ne jamais briser cette chaîne de sorciers.

▽ Alistair, 36 ans

« Oh mon dieu ! Hey papa, regarde moi ça ! » Elle arrive en courant, c'est tout juste si elle ne va pas se prendre un mur à force de courir trop vite. La gazette du sorcier entre les doigts, j'hausse curieusement les sourcils, les mains dans les poche. Elle me le tend en souriant, en riant presque. Et je me met à lire. Des moldus devenu sorciers. Un rire sec sort contre mon grès de mes lèvres. C'est assez comique je trouve. Des moldus avec des pouvoirs, ce doit être une catastrophe. Et ils vont venir à Poudlard. Pourtant, je n'en suis pas plus touché que ça. Je ne dirais pas que je suis indifférent, mais que voulez-vous que je dise ? Pousser une gueulante ne servirait à rien. De plus, un professeur doit absolument garder son apparence irréprochable, même si la situation ne lui plait pas. « Franchement, ça craint ! » Je lève mes yeux sur Tahys, haussement de sourcils. Ah vraiment ? Elle pense comme ça ? C'est assez décevant venant d'elle, mais après tout, qui suis-je pour lui faire la morale ? Elle est bien trop têtue, à se croire un peu au dessus de tout. Un peu comme Bran. « Je ne vois pas en quoi. » Au contraire, je trouve cette histoire plus marrante qu'autre chose. Comment les élèves vont réagir, comment les professeurs vont se comporter face à cette " catastrophe " et, j'ai plus tendance à penser que cette situation ne pourra que nous aider à mieux les comprendre.