Keep calm and have a Butterbeer
▽ Jagger & RoryLe samedi, c’est l’occasion pour sortir. Tout le monde est dehors, pour aller à pré-au-lard, un village sorcier d’après ce que j’ai compris. C’est l’occasion pour moi aussi de virer mon uniforme… ça m’as fait bizarre de devoir en remettre un d’ailleurs, après avoir arrêté l’école il y a deux ans. Mais bon, j’trouve que ça me donne un air élégant mine de rien, je passerai presque pour un
damoiseau . Alors ce matin, je me suis décidé pour un jean troué et un tee-shirt rouge tout simple, tout con avec un gros « what is the
fuque ? » dessus. Sans oublier mes doc’, qui sont comme de vrais chaussons pour moi, et un sweat a capuche noire parce que mine de rien il fait frisquet en écosse et je n’ai pas envie de finir congelé non plus. Je ne connais pas encore grand monde ici, j’ai un peu de mal à m’intégrer. Faut dire que les gens n’osent pas trop m’approcher non plus, vu que je casse tout sans le vouloir. Mais
Carglass répare, Carglass remplace ! Comme moi, j’essaye de réparer mes conneries. Même si du coup, souvent c’est pire qu’avant. Le moins que l’on puisse dire c’est que dans ce nouveau monde je ne me sens à ma place. C’est un coup du bon dieu ça de toute manière, c’est une punition divine.
Soupirant, je calle une cigarette entre mes lèves. Les sorciers qui fument en général… Ils allument leurs clopes avec leur baguette. Mais si je fais ça, c’est un coup à me faire cramer les cheveux, et mes cheveux, bah j’y tiens. Alors, je reste la bonne vieille méthode moldue, et l’allume avec mon briquet. C’est dur pour moi, de changer. J’essaye, du mieux que je le peux. Déjà je me suis juré de plus prendre de drogue pour commencer, et d’arrêter de me battre… du coup, vu que je suis encore en plein sevrage quand je suis sur le point de craquer et de chercher un dealer, bah je me mets à lire la bible et à prier pour demander pardon et demander l’aide nécessaire pour oublier mes vieux démons. On se fiche de moi souvent, mais je me dis que moi contrairement a eux au moins, j’aurais ma place au paradis plus tard. Ce n’est pas moi avec moi que Satan se cuisinera une petite
tarte au pigeon pour son diner.
Une fois arrivé à pré au lard, je regarde autour de moi, un peu perdu. Les gens sont tous en groupe, je me sens con à être tout seul comme ça. Les gens me regardent avec un certain dégout, comme si j’étais un
chat écrasé au bord d’une route ou un truc du genre. Pourquoi ? Parce que je suis Rory, l’handicapé qui fait tout sauter ? Putain ça m’emmerde ça. Je suis déjà connu comme le loup blanc ici, et pas pour une bonne raison. Parce que je suis qu’un naze… Je suis sur qu’ils se disent «
Tiens, pas étonnant qu’il soit tout seul. » ça m’saoule tellement là que je vais aller me prendre une bière. J’ai des sous au fond de mes poches. Pas grand-chose certes mais c’est déjà ça. Surement assez pour me prendre une bière, enfin… J’espère. D’ailleurs ça tombe bien, là bas, ça semble être un bar. Haussant les épaules je m’approche. Et une fois devant la porte je lève les yeux vers le ciel, et comme un con je dis «
Pardon, dieu, c’plus fort que moi. Juste une bière, je te le promets ! » Ouais, on me prend pour un illuminé, mais c’est le cadet de mes soucis. Une fois mon mégot écrasé et jeté à la poubelle, je pousse doucement la porte.
Ça a l’air sympa ici. Enfin, je crois. Doucement je m’approche du comptoir. Y a des gens un peu louches ici, mais je crois que j’ai vu pire dans ma vie, a commencer par ma famille. Je n’ai pas peur, non. Je ne suis pas un froussard. Je passe une main dans les cheveux, en bataille comme toujours et retire ma veste pour profiter de l’agréable chaleur du pub. Je regarde l’ardoise là haut, avec le prix des consommations. Et… Je ne trouve pas de bière. Comment ils font les sorciers, pour vivre sans bière pression ? Il n’y a pas de demi dans ce maudit pub ? Je regarde le barman, qui glisse un truc qui semble chelou dans le thé du gars à côté. De la poudre. De la poudre blanche, DAMN ! Je connais bien ça, c’est surement de la cocaïne. Mais… Ils la boivent ? Normalement, on ne la prend pas comme ça. Mais je n’ai pas le temps de me poser trop de questions, le gars viens vers moi. Je déglutis doucement «
euh… Bonjour… Vu que vous n’avez pas de bière, ce qui s’en rapproche le plus, je présume que c’est la Bièreaubeurre ? C’est quoi au juste ? » Et voilà, j’ai encore l’impression de passer pour un débile. Mais je suis juste un ignorant ! Ce n'est pas ma faute après tout si je viens de débarquer dans le monde magique, et que je ne connaît pas encore tout... J'espère qu'il va me servir, aussi. J'ai pas dix huit ans, ça je le sait bien que je suis pas censé picoler... Mais jusqu'à présent, on m'as jamais demandé ma carte. Espérons que ça continue...