My name is Luka. Il était une fois...Luka. Un nom de garçon pour un corps de fille. Le début des conneries, voilà tout. Pour tout vous dire, ce n'est pas mon nom à l'origine. Tout cela résulte d'une envie bien étrange, d'une enfant bien étrange. Déjà à l'époque je ne devais pas être très nette. Faut dire que mes parents ont trouvé judicieux de me prénommer Adora. Vous trouvez que j'ai une tête à m'appeler comme ça, sincèrement ?! Moi je voulais un nom de garçon alors je suis devenue Luka, déjà. J'ai toujours trouvé ce nom classe et puis soyons sérieux deux secondes, une rousse rock'n roll avec un nom pareil, ça claque tout de suite. Lorsque j'ai atteins mes huit ans il y avait Noël peu de temps après et une idée complètement folle a germé dans ma tête. N'étant pas majeure mes parents étaient les seules personnes en mesure de changer mon prénom, vous ne pouvez même pas imaginer le regard qu'ils me jetaient quand ils ont vu sur ma liste « je veux m'appeler Luka ». Mais...je croyais au Père Noël. Enfin, en principe. Oui, vous apprendrez bien vite qu'avec moi tout est une question de principes et de contexte. Mon souhait le plus cher -du moment hein, si je devais compter toutes les choses dont j'ai envie en plus...- a donc été réalisé ! Lucky Luka était née. Un mélange entre Jésus et une poupée de cire, de son peut-être...Faut pas chercher, j'étais devenue un être unique. Après tout c'est ce qui compte, non ? C'est ce que tout le monde aspire à devenir finalement. Je suis partie à la conquête du monde après ça, à l'aise dans mes converses. Enfin...à la conquête de l'école primaire. C'est déjà ça. Les gens m'écoutaient et voulaient devenir mes amis juste parce que je me souciais peu des convenances, je vivais ma vie comme je l'entendais. Si jeune ? Et bien oui, je n'ai jamais été une gosse comme les autres. Vous songez à me croire un jour ou... ? Bref, je menais mon existence sur la base d'un leitmotiv très simple « la Vie est trop courte pour se soumettre aux contraintes que l'on place en travers de notre route, partout ». Déjà je prêchais une bonne parole avec conviction. Quand je vous dit que je suis Jésus ! Ça y est, vous avez décidé d'accepter tout ce que je vous dis ? Bien sûr il y avait ceux qui me prenaient pour une délinquante juvénile, les parents qui ne voulaient pas que je fréquente leurs enfants. A vrai dire ça me blessait quelque peu mais j'aurais pu vivre toute seule vous savez, je pourrais être ma seule et unique amie au vu du nombre que nous sommes dans ma tête mais...ce serait triste. Toute mauvaise graine que j'étais...changer n'était pas dans mes plans. D'un autre côté ni les parents ni les instituteurs n'avaient leur mot à dire. Je rapportais des notes admirables et j'étais capable de sourires hypocrites plus vrais que nature pour que l'on croit à mon innocence en toute circonstance. Oh...J'aime mes parents bien sûr, je les adore, ce sont deux êtres exceptionnels. Seulement, ils acceptent mal ce que je suis. Peut-être parce que je suis le néant ? Tout et rien à la fois ? Un P'tit Lu qui galope au pays des champignons géants, des poneys verts et de la vie éternelle. Je suis une hallucination, une illusion, vos rêves qui s'élèvent. Ils étaient rares les adultes qui supportaient que mon esprit soit aussi tordu alors que j'étais si jeune. Moi je préférais en rire, toujours aujourd'hui.

C'est lors de mon entrée au collège que j'ai commencé à développer des passions plus ou moins bizarres. En plus d'être la trublionne de la classe et de dévergonder toutes les personnes que je trouvais coincées, je dealais des M&Ms. Oui. Rassurez-vous, je vous voie déjà écroulés de rire et entrain de vous dire que cette fois-ci c'est définitif : je ne possède pas l'intégralité de mes capacités mentales. Selon moi vous passez à côté de votre vie si vous n'êtes pas au courant des propriétés hallucinogènes des M&Ms. Après tout chacun ses priorités hein...Toujours est-il que vous ne pouvez pas vous permettre de me juger. Revenons à nos moutons arc-en-ciels ! Un jour j'ai marché sur ces friandises et alors qu'elles ressemblaient à une poudre, je me suis amusée à les respirer. C'est ma coke à moi, une drogue bien moins coûteuse si vous voulez mon avis. Je fournissais donc mes amis et pas mal de gens du collège avec ces petits sachets de poudre multicolore. Fuck off, je me shoote aux M&Ms. I'm proud of that. J'ai aussi pris goût à l'écriture au fil des années vous savez. C'était un moyen facile de coucher sur le papier le véritable bourdonnement perpétuel de ma tête. Si quelqu'un tombe un jour sur ces nouvelles, il se demandera si je ne suis pas échappée de l'asile...Personne ne liera jamais tout ça, ou alors je publierais sous un pseudonyme. Aucun éditeur n'acceptera de publier ce bordel, soyons sérieux. J'écris donc pour moi, pour extérioriser tout ce qui me passe par la tête, pour m'exorciser. C'est également les années ou j'ai commencé à fumer, à sortir tard le soir. Certes un jour je finirais peut-être ivre morte, renversée par un chauffeur qui lui non plus ne sera pas vraiment sobre mais...j'aurais vécu à fond jusqu'à la dernière seconde. Live hard. Die young. Ma conception de la vie vous dérange n'est-ce pas ? Elle vous horripile et vous préféreriez me gifler en hurlant que je cours à ma perte plutôt que d'entendre des aberrations comme ça ? Libre à vous de ne plus m'écouter. Si je suis heureuse quand je suis assez bourrée pour voir des girafes bleues et des pingouins volant, ça vous regarde ? Pétrifiez-vous si vous le souhaitez et continuez à craindre le danger. Moi je le provoque. Je traverse les rues de long en large, bouteille de vodka à la main et clope dans la bouche. Traînée ? Non. Je suis libre, je choisis chaque élément de mon existence. Luka. Synonyme de liberté. J'irais où bon me semble, toujours. Le vent m’emportera. Fuck off, j'aime bien voler.

En réalité, je ne rendais pas mes parents fiers de moi. Je le savais. Ils exhibaient mes relevés de notes parfaits mais la honte que leur inspirait mon caractère, mon « profil psychologique », les rattrapait bien vite. Pour moi c'était pas grave, ils restaient mes parents mais...je sentais l'impact de tout ça, les répercussions menaçantes, cette tout petite chose qui s'était cassée, du dialogue entre nous qui se rompait peu à peu. My name is Luka, Lucky Luka. Promets moi que mes rêves seront toujours plus beaux, toujours plus hauts. Je veux que ma vie soit au-delà de mes espérances. J'ai plus ou moins lâché les cours à cette époque-ci -fait le minimum on va dire-, histoire qu'ils ne soient plus gênés, histoire qu'ils aient enfin un avis tranché sur leur fille. Moi, ça ne me dérangeais pas qu'il soit négatif. Je les comprenais. Voilà pourquoi j'ai désappris ce que voulait dire étudier. Je ne fus même pas étonnée quand ils acceptèrent que je m'éloigne d'eux, laissant ainsi la porte ouverte à mes désirs d'émancipations. Certes, à 15 ans on ne peut pas aller bien loin sachant que l'âge légal est fixé à 16 ans. Ils m'ont envoyé vivre chez ma tante. Nouveau départ dans une nouvelle ville. J'étais vraiment heureuse, je venais d'être acceptée dans une école d'art très prisée et je pouvais enfin être moi, totalement. Ma tante -une ancienne junkie- ne s'opposait pas vraiment à mes « petits » travers. Ainsi je pouvais goûter aux choses que je voulais, monter pièce par pièce mon expérience de la vie. Je suis donc entrée dans ce lycée et la section cinéma m'a ouvert grands les bras. Je pouvais vraiment exprimer mon imagination. C'est à ce moment là qu'on eu lieu les plus belles soirées, que je suis devenue vaguement bi' (oui, une fille qui s'appelle Luka...je suis tout et rien, je peux aimer tout et rien, n'est-ce pas ?), que j'ai commencé le plus beau projet que je projetais de mettre en place depuis quelques temps déjà. On devait filmer des scénettes pour un film et, j'ai décidé qu'il serait intéressant de mettre en scène des choses originales, qui sortaient réellement de l'ordinaire.

flash, flashback !

Je n'aurais jamais pensé que mourir faisait si mal...Enfin, plutôt...perdre une partie de son cœur. Je crois que ça vous détruit de l'intérieur, ça broie le moindre petit espoir de rédemption, ça peint votre monde en noir tout en vous obligeant à hurler chaque jour, ça vous emprisonne dans votre propre tête. Résolument perdre une moitié de son cœur, de son âme, c'est quelque chose qui vous tue. Voilà peut-être pourquoi le sang coule ce soir dans la baignoire, encore. Savez-vous que cela fait moins mal quand une coupure survient dans l'eau ? Le contraste du vermeil et du blanc opalescent est si beau...C'est peut-être le dernier jeu de couleur que je verrais de ma vie. L'eau se repend sur mon corps, m'ébouillantant un peu plus à chaque contact contre ma peau, à chaque avancée. Elle est rouge l'eau, vous savez. Elle masque les entailles sur le bout de mes doigts, les bouts de verre que je tiens et les plaies béantes sur chacun de mes avants-bras. Elle masque la douleur, elle masque la vie qui s'enfuie. Je pense que c'est mieux ainsi. Au moins je n'aurais plus mal. Peut-être qu'une fois morte je me sentirais vivante.

Se bourrer de cachets pour broyer du noir et puis enclencher la caméra. Tenter toujours d'aller plus loin. Tout ça pour l'art, oui. J'ai testé de nombreuses manières possible, j'ai tout filmé. Vraiment, je trouvais ça facile. Le cinéma est un art, savoir me mettre en scène est un don.

Merde ! Cette fois-ci je crois que je vais vraiment y arriver. L'eau est tellement chaude, je ne sens plus mon corps, ça pique, ça brûle. J'ai mal ! Tant pis...c'est le prix à payer pour en finir. Je plonge ma tête sous l'eau, retenant un hurlement ainsi que ma respiration, attendant la mort ou un quelconque tunnel de lumière. Mais je commence à aspirer de l'eau, mon corps se tord, convulse, je tiens encore un peu mais je finis par sortir pour respirer de nouveau. Haletante, j'essuie mes mains pleines d'eau et de sang sur une serviette et j'attrape mon portable sur l'évier en m'affalant sur le rebord de la baignoire, épuisée, lâchée par la vie. « Besoin de secours dans l'appartement 120 du 3rd boulevard, à Londres ». Je trouve que c'est si dur de s'accrocher, quand un brouillard duveteux nous enveloppe, quand de candides rêves s'offrent délibérément à nous, proposant de remplacer la morosité du quotidien. Résister devient de plus en plus difficile, je me perds dans ma connerie. « Motif madame »? Je me souviens que quelqu'un attend ma réponse à l'autre bout du fil, il me semble qu'une minuscule décharge d'énergie parcourt momentanément l'intégralité de mon corps, suffisante pour me donner "l'impulsion". Prononcer les derniers mots. Ceux de l'espoir.« Tentative de...suicide ».

A chaque fois j'oublie que c'est du cinéma, mon cinéma. Tout disparaît de ma mémoire et je recommence plus-tard mais...c'est de l'art ?

in the end...

Faut croire qu'au lycée ils n'ont pas vraiment apprécié mes réalisations à leur juste valeur. Je me suis faite virée seulement trois mois après mon arrivée. Je venais d'avoir 16 ans. Heureusement les anges sont venus me chercher, ils sont venus sauver Jésus qui peinait à s'en sortir. Ils m'ont promis de revenir vous savez, de m'emmener danser. Ils veulent que je sois la Reine du Bal des Anges. Ils m'ont dit qu'un jour ça arriverait, que ce serait ma consécration.

Tout a réellement changé pour moi le 2 juin de cette année, de l'année 2012. Ce jour là -comme vous le savez tous j'espère- se tenait le Jubilé de Diamant de notre très chère Queen Elizabeth II. Okay, j'avoue que je suis une des seules anglaises à ne pas être très branchée royauté. Alors que tout le monde dans Londres enfilait son anorak, ses bottes de pluie, se munissait d'un parapluie...moi je me réchauffais dans la maison à l’aide d'une couverture sur le canapé. Ma tante était partie de bonheur pour l’événement mais moi je préférais rester à la maison avec mes nounours à la guimauve et mes M&Ms en poudre. Selon un certain Baloo « il en faut peu pour être heureux », ce n'est pas moi qui vais le contredire. Toujours est-il qu'un étrange hibou est arrivé en début d'après-midi. Il a d’abord fait le tour du jardin plusieurs fois et puis il est venu se poser sur le rebord de la fenêtre. Je lui ai ouvert -bien évidemment- et ai remarqué un tout petit paquet multicolore accroché à sa patte. Après l'avoir décroché et déchiqueté, je suis restée debout un moment à contempler l'espèce de petite dragée qu'il contenait. N'y tenant plus je l'ai placée sur ma langue et l'ai suçoté lentement. Je me suis ensuite endormie comme une masse sur le canapé après avoir comaté une bonne heure. Je me suis réveillé à 15h le lendemain, complètement engourdie par ce sommeil inconfortable et mon premier réflexe en posant le pied par terre fut d'éternuer. Cette action eu pour effet de balayer toute la pièce d'une violence bourrasque qui la retourna totalement, allant du plus petit au plus grand objet. Ma tante est arrivée sur ces entrefaites, atterrée par ce qui venait de se produire. Elle m'a prise dans ses bras et m'a assise sur le sofa avec elle avant de relever mon menton -et donc mon visage- avec son pouce et son indexe. « Toi aussi tu as avalé un de ces drôles de bonbons » ? Une moue boudeuse de ma part accueillait cette réflexion. Elle aussi apparemment, et combien d'autres au final ? « Mouais, j'crois. Hum...C'est quoi le délire »? Elle secoua vivement la tête et me fit de nouveau face. « Écoutes, je me suis rendue au ministère de bonheur ce matin et le premier ministre avait déjà été mis au courant. A première vue il y a un ministère de la magie que l'on dissimule depuis des siècles et...une école de magie aussi. Elle s'appelle Poudlard, il me semble. Je sais que ça paraît difficile à croire et même le premier ministre en doute encore mais...Tu viens de recevoir une lettre. Tous les adolescents à partir de onze ans en reçoivent à première vue. Est-ce que tu souhaiterais rejoindre cette école de magie » ? Elle me donna le papier et je le parcourus des yeux. J'avais seize ans donc je serais en sixième année d'après ce qui était marqué, il y avait une liste de fournitures, un endroit ou les acheter. Je n'arrivais pas à en croire mes yeux -ni mais oreilles d'ailleurs-, j'allais pouvoir faire de la magie. ENTRER DANS UNE ECOLE DE MAGIE ! « C'est oui, bien sûr que c'est oui. Ça a l'air trop bien, ça à l'air...Ouah ! J'ai hâte » ! J'ai trouvé l'endroit, j'ai même trouvé quelques-uns des rares sorciers n'étant pas réfractaires à notre entrée dans le monde magique. Nous sommes appelés les « moldus ». Si vous voulez mon avis...les sorciers adultes n'ont pas l'air commode. Bref, exceptionnellement cette année il y a eu -plus ou moins- une pré-rentrée pour accueillir les nouveaux et je suis à Serdaigle ! Je ne sais pas encore trop ce que ça signifie en fait, mais...ça a l'air funny. Mouais...on verra bien ce que me réserve cette année. On va se dire qu'avec un aigle bleu c'est bien parti, à quand les girafes roses à points verts ?