31 mai 2012

J’débarque de l’avion pi la première chose que j’vois c’est l’osti d’ciel gris. D’la pluie tout le temps d’la pluie, c’est fucking chiant. Tsé, moi j’aime ça quand y fait Soleil, pi qu’on peut s’faire bronzer. Y mouille à sciaux dehors. Tabarnak. Je pogne mon imper’ dans ma sacoche pi j’me le mets s’à tête. Si on s’plaque les ch’veux c’est pas pour rien. Toutes les p’tites putes se parlent entre eux autres, y bitchent les autres. Les filles, tsé. Moi j’ai pas rapport, comme d’habitude. Je fouille dans ma poche, pogne mon Ipod pi m’rentre les écouteurs d’in oreilles. C’est mieux d’même, j’arrête de m’demander si tout l’monde parle de moé. Parce tsé à Lac-St-Jean beach, une p’tite anorexique qui parle tout croche c’est pas bin vu. C’comme ça que l’monde m’appelle : l’anorexique qui parle tout croche. Pi j’me ramasse dans c’te criss de voyage là. Ça m’intéresse pas moé l’Angleterre, un point c’est toute. J’ai d’l’air folle dans une ville que j’connais pas avec pleins de p’tites salopes blondes à rallonges pi un imper’ s’à tête. Wow. Criss de vie de marde. J’embarque dans l’autobus, pi je r’garde par la f’nêtre. Des bâtisses, des bâtisses, pi encore des ostis de bâtisses. D’la pollution pi des chars. Si c’est ça Londres, j’suis pas mal déçue. On est v’nus icitte pour la fête de la vieille croûte. Elizabeth deuxième. Fuck you vieille sorcière. J’suis québécoise pi j’m’en tabarnak de la Reine moé. C’est ça que j’comprends pas, à s’croit super importante, pi dans l’fond tout l’monde se crisse d’elle. Même Jean Charest au Lac-St-Jean y’est plus populaire que la Reine.

Quand on arrive à l’hôtel, toutes les p’tites putes se mettent à glousser comme des dindes pi moé j’les suis, je r’garde partout, j’parle pas. Muette comme une osti de carpe. Pi, c’est quissé qui nous dit que les carpes ça parle pas? Y,a personne parle le langage poisson. Pi des truites, ça parle pas plus que des carpes. Gang de niaiseux, ceux qu’y’ont inventé c’t’expression là. Mais quand on rentre dans l’hôtel, on a toute l’impression d’être des vieilles croûtes d’Elizabeth. L’école a mis l’gros budget. Au moins une chose de pas pire. Dans l’ascenseur, d’la musique de films, tsé, quand l’monde fourrent dans l’ascenseur y’a tout l’temps un p’tit musique de fond poche. Bon, bin c’est ça. Pi mi j’tape du pied su’l’plancher d’marbre de l’hôtel. Pas pire pantoute comme place.

2 juin 2012

Bon c’est l’jour J comme on dit. Le Jubilé qu’ça s’appelle. Ché as si c’est la fête d’la Reine, mais me semble qu’on a pas d’école le Jour d’la fête d’la Reine, faque ça s’rait pas aujourd’hui. J’sais jus’ que les Anglais, bin y sont contents d’être anglais, pi que moé j’suis crissement contente d’être québécoise. Ça cogne à porte. « Laissez-moé tranquille criss! » l’problème c’est que j’tais sûre que c’tait une des p’tites putes qui voulait qu’j’y passe mon fer plat. La porte s’ouvre, une autre vieille croûte. « Vous ne parlez pas à vos supérieurs de cette façon jeune fille! » Elle avance, on dirait qu’à veut me pogner pour m’amener chez l’directeur. Mais y’en n’a pas icitte de directeur. C’est juste toé pi moé vieille croûte. « J’m’en câlice tu! J’fais c’que veux! » J’fais c’que j’veux, c’est vrai, pi la vieille est frue en osti. J’me couche su’l’lit. Qu’à l’arrête de m’achaler la conne sinon j’va péter ma coche. « Vous allez rester à l’hôtel aujourd’hui, comme punition! » J’la r’garde comme si c’tait une grosse fermière en string. J’ai gagné. Yes sir! J’vais rester icitte aujourd’hui pi à pense que ça m’fait chier. Osti que c’est jouissif des victoires de même. La grosse troche part, en câlice, pi moé j’reste couchée su’l’lit. Astheure, j’peux faire toute c’que j’veux.

J’commence à m’endormir pi j’entends un p’tit bruit qui m’dérange. Osti, un chieux blanc dans ‘f’nêtre. J’le r’garde pi on dirait qui va pas partir. J’me lève. J’va l’voir. J’tappe dans f’nêtre pour le faire partir. « Décâlice grosse bebitte! » Y part pas. Criss, y’essaye d’ouvrir la f’nêtre. Mais j’suis quand même curieuse. Faque, j’y ouvre. La pire erreur de ma vie, ou la meilleure chose, ça dépend. Y’a de quoi accroché s’à patte. Des bonbons. Men, c’est genre un gros pervers dégueulasse qui veut m’violer! J’m’en crisse j’détache le paquet pi le chieux blanc s’en va. Me semblait c’tait les pigeons qui livraient des paquets. J’m’en crisse un peu honnêt’ment. J’sais juste que j’ai faim, pi que j’vais m’faire vomir après anyway. Faque si c’est d’la drogue, bin ça l’aura pas le temps d’agir. S’tu assez magique des fois. C’est d’la bouffe que je connais pas, mais c’est bin bin bon! Criss que c’est bon!

12 juin 2012

Dernière journée du voyage. J’pense que j’ai jamais été aussi contente. S’promener dans une ville plein d’trafic avec une belle gang de salopes gloussantes, on s’entend que c’pas c’que j’veux faire plus tard. J’regarde le sol pendant qu’la London Eye monte d’in airs. J’ai jamais compris pourquoi l’monde v’nait dans une grande roue, c’t’un truc de flots les grandes roues. Tu payes deux piasses à l’Expo Québec pour faire un manège de même. Pi celle-là, à va à vitesse d’un p’tit pépé en chaise roulante dans une côte le vent dans face s’à glace noire. Pi j’niaise pas, j’exagère pas. J’ai l’impression d’étouffer dans c’te nacelle là, avec les p’tites fourmis en bas qui nous r’gardent. J’rest’rais bin dans ma chambre d’hôtel encore un autre journée criss! Pi là. BAM! C’est genre la pire surprise de ma vie. Le manège pour flots s’met à avancer plus vite. Trois secondes et quart pi on est en haut, encore dix autres pi les nacelles commencent à tourner sur eux autres même.

Toutes les p’tites putes blondes pas d’cerveau se mettent à crier. Criss arrêtez d’me défoncer les tympans. « VOS GUEULES TABARNAK! » que j’crie. Pi j’commence à trouver ça l’fun que toute tourne de même. Ça change pas mal des musées poches qu’on a faite pendant not’ voyage. J’pars à rire, mais bin fort pour que tout l’monde m’entende. Pi quand j’ris, la London Eye se met à aller encore plus vite. On aurait quèzement dit que c’tait moi qui’a contrôlais. Pi là j’y pense. « Fuck that shit….. » que j’marmonne. Quand on arrive à terre, toute s’arrête, la nacelle s’ouvre pi l’manège continue d’marcher comme si rien était arrivé. Pi avec moé qui ris toujours comme une osti de malade. Ça s’peut fucking pas que ça soit d’ma faute. J’ai pas des pouvoirs magiques. Pi j’ai pas pris de drogue depuis que j’t’arrivée icitte. J’fais pas dans les champignons. Les hallucinations d’même j’comprends pas comment ça peut! Câlice, j’comprends pu rien. J’laisse le groupe de dindes en chaleur avancer d’vant moi pi j’prends une couple de respirations.

« You? » j’me retourne. Ça fait partie des mots que j’comprends en anglais. À part ‘’yes no toaster’’ avec un accent d’même ça sonnait comme yeuuu. Une esti de vache c’est d’ça qu’ça l’air. Pi quand j’me retourne j’me dit qu’y est pas mal cute. J’lève les sourcils. « Yes? » accent de Québécois, y s’arrangera. « Did you make all of this happen? On purpose? » what the fuck? J’ai compris que you all of this? J’lui réponds quoi maintenant. « You talk more slow plize? » J’lui souris. J’ai d’l’air d’une osti de touriste. « You. Are. A. Wizard. Magic! » J’le r’garde comme si j’voyais un bigwal qui mangeait une salade à la sauce sans gras. Mais j’comprends au moins. Y rit d’ma gueule le p’tit homo. Weeezahd, ça veut dire magicien me semble. Comme Merlin, le vieux fou. Criss de con! Y s’fout d’ma gueule. Mais j’trouve ça cute. « Me Ismaëlle » Que j’lui dis, mais y comprend pas. Tabarnak, mon nom ça s’dit pas en Anglais! « Stan » Bon y’a compris, y’est plus smatt qui a d’l’air…

30 août 2012

J’capote, mais en même temps, j’ai peur, osti que j’ai peur. J’lâche un p’tit « tabarnak » toutes les trois secondes tellement j’suis stressée. Tout l’monde se promène avec des bouttes de bois qui appellent des baguettes pi moé j’ai rien. J’ai pas l’droit qui disent. Pi j’me sens fucking pas rapport d’être une des seules qui a pas de baguette. Même si j’suis loin d’être convaincue que c’est vrai. Voire qui bougent leur baguette pi que ça fait d’la vraie magie. J’suis assis dans l’train pi j’suis encore en Angleterre, en Écosse p’t’être, mais j’suis une belle grosse salope de touriste, faque je sais pas. On pourrait même être en Espagne pi j’le saurais pas, criss. Le gars en face de moi, c’t’un gros nerd tout sale, le genre qui pogne des beaux A à toute ses exams. Bravo ma chouette, belle prise. Veut veut pas, j'peux pas m'empêcher d'me dire que quand on passe dans un criss de mur de briques pi qu'on s'ramasse pas en compote de pommes, y'a un problème, pi un gros à part de t'ça. Oussé que j'suis arrivée, dans quel monde de fous, tabarnak!