«Chère amie,
t'existes pas, peut-être, mais moi, j'aime me dire que t'existes, et que t'es mon amie donc fait pas chier et écoutes moi. Je m'appelle Loup, comme un loup, et kévin, comme un garçon. J'habite Lyon, ses hlm, ses montagnes et sa pollution. J'ai rien de particulier ; j'ai pas de frères et pas de sœurs, j'ai une mère et un beau-père, qui est comme mon papa, enfaite. C'est drôle, par ce que ma mère s'appelle Pierre, et que mon beau-père s'appelle Pierre. Je suis donc Loup, fille de Pierre et de Pierre. Pierre et Pierre sont des anciens profs, qui en ont eu marre de la société de consommation et de toutes ces conneries, comme ils disent. Pierre et Pierre sont peut être les seuls hippies de Lyon. Tous les jeudis, ils accueillent à la maison – enfin, maison.. dans la cabane en taule qu'on habite, plutôt – toute une bande de pervers. Ils sont là pour l'amour libre, apparemment. Mon cul, ils veulent juste se tapper quelqu'un d'autre que bobonne. Pierre et Pierre sont mes seuls amis. Je dis mes seuls amis, par ce que j'en ai pas d'autre, au cas où t'aurais pas compris. Enfin, à part toi, maintenant, mais comme t'es imaginaire, je sais pas si ça compte. Au collège de secteur, je reste toute seule, comme une merde, sur mon banc. On m'appelle « loup la crasseuse » ; j'men fous, c'est que des connards. Mais ça m'empêche pas d'avoir mal. Ils m'appellent comme ça par ce que cette pétasse de Marie-Madeleine qui va au cathé tous les samedis et qui peut pas me saquer depuis que sa mère s'est barrée avec mon père a balancé que je couchais avec le prof de sport. C'est peut être vrai, peut être pas, c'est pas leurs oignons.
Avant l'ère marie-madeleine, j'avais l'habitude de trainer vite fait avec les deux punks qui font la manche devant le market, mais plus maintenant ; Pierre et Pierre ont été convoqué par le collège, mon prof de sport viré, et moi, ben, j'ai été interdite de fréquentations. Selon Pierre et Pierre, il faudrait que je me focalise plus sur la nature et ce qu'elle m'apporte.
Ben à moins que la nature m'apporte des psychotropes, je vois pas trop comment elle pourrait me rendre heureuse.
Une fois, je me suis faite frapper. Je m'en souviens comme si c'était hier, c'était à la sortie des cours, un vendredi après-midi. Au déjeuner, je m'étais assise à la table d'une gamine de 6ème qui chialait sa race par ce qu'elle avait eu trois en math ; moi, normal, tu vois, j'essaye de la consoler, une sale note en math, c'est pas plus horrible qu'une chute de poney ! Elle avait séché ses larmes, et on avait mangé ensemble. C'était cool, pour une fois, j'avais l'impression qu'on m'aimait bien. Et puis à la sortie des cours, donc, trois gars de ma classe parmi les mieux bâtis – je le sais par ce que je les matte en cours de sport – m'ont entrainé derrière le petit parc qui borde le bahut, et ils ont commencés à me donner des coups de pieds en me jetant à terre. « Tu touches pas à ma sœur, pétasse, t'as compris, tu vas coucher avec des meufs ailleurs sale crasseuse ! » et il répétait ça en boucle, en boucle, et dans ma tête les insultes tournaient, tournaient. Quand ils m'ont laché, je suis partie sans rien dire. J'avais même plus le coeur à me défendre. Pourtant, d'habitude, je me débattais, je les insultais, je les frappais, mais là, c'était juste la fois de trop. Je suis rentrée, je me suis couchée, et je suis plus allée en cours pendant deux semaines. Quand je suis revenue, retour à l'anonymat. L'école avait trouvé sa nouvelle tête-de-turc en mon absence, je n'étais plus qu'un looser parmi les autres.
Je suis bi, c'est vrai. Pierre et Pierre disent que je peux pas vraiment savoir, vu mon âge et toutes les expériences qu'il me reste à vivre patati patata, mais moi, je dis que j'aime autant les filles que les garçons. Enfin non, j'aime plus les filles. Mais je dirais pas non à Johnny Depp quand même. Mon fantasme, c'est Megan Fox. Tous les soirs je pense à elle avant de m'endormir, c'est comme si c'était ma meuf, dans ma tête, et ma grande-soeur à la fois.
L'été, Pierre et Pierre m'envoie en colo, pour me sociabiliser. Ils espèrent qu'en me sortant des griffes de Marie-Madeleine, j'arriverai à me faire des amis. C'est des chouettes parents. Mais moi, l'été, je les aime pas les autres gamins. Ils sont immatures, tous avec leurs petites vies parfaites dans leurs mondes parfaits. Ils puent. Enfaite, moi, l'été, mes amis, c'est les moniteurs. Mais attention, pas n'importe lesquels. Le prof de voile et l'infirmière. C'est facile, le prof de voile, c'est toujours le plus beau mec, et l'infirmière elle est toujours un peu hippie psy lesb', donc c'est cool. Mais quand je leur envoies des cartes à mon retour à Lyon, ils répondent jamais. Leur amitié se limite à quand elle est payée.
Alors au final, c'est toujours Pierre et Pierre qui me consolent, et c'est reparti pour un tour, encore une année dans l'enfer des petits bourgeois hypocrites de Lyon.
L'année dernière, j'ai rencontré une fille. Elle a été mon premier amour, un ange c'te meuf. Elle me l'aurait demandé que je me serais tatouer son nom sur le cul. Elle a été toutes mes premières fois, coté féminin j'entends. Je l'ai vraiment aimé, comme une folle. Moi, j'aurai bien montré à tous le monde que c'était ma copine, que je l'aimais, que je la baisais, qu'elle m'appartenait, que c'était notre amour le plus beau, le plus puissant, le plus fort qu'il puisse exister. Mais elle était pas prête à assumer, elle, et on a vécu notre histoire cachées. J'avais mal, j'avais l'impression qu'elle avait honte de moi quand elle me repoussait quand j'essayais de l'embrasser en pleine rue ; mais je respectais son choix. Mais le jour où elle a refusé de rencontrer Pierre et Pierre, j'ai craqué. Sur mon amour, c'est mon orgueil qui l'a emporté. Je l'ai largué en l'envoyant se faire foutre, puisqu'elle s'en fichait de moi. Je l'ai bien regretté quand elle s'est suicidée une semaine plus tard. C'était pas à cause de moi, à ce qui paraît, les psy m'ont dit qu'elle avait des problèmes en dehors etc etc mais n'empêche que je suis coupable. Ils peuvent dire ce qu'ils veulent, j'ai assassiné ma petite amie. Ça m'a fait péter un cable, j'ai commencé à me taillader les veines et hope, je me suis retrouvée à l'hosto pour dépression. Tu sais ce qu'il y a de chiant quand t'es en hopital psychiatrique ? C'est que la bouffe est dégueu et que t'es classé à vie. Tu sais ce qu'il y a de génial ? Personne te juge. Enfaite, l'hosto a été la meilleure période de ma vie, si on oublie mes problèmes vis à vis de mon problème de culpabilité, comme ils appelaient ça.
Quand je suis revenue de l'hosto, Pierre et Pierre étaient tellement soulagés, faut dire qu'ils avaient flippé quand même, qu'ils ont décidé de déménager pour que je puisse me refaire une vie et que je n'affronte pas « les démons du passé » ( autrement dit, le pont d'où avait sauté mon ex et Marie-Madeleine). Ça fait donc deux ans que nous sommes censés déménager. Pas grave, les démons du passé me font plus si mal. Enfaite, ils me font plus mal du tout. J'ai des amis, maintenant, alors je sais pas trop pourquoi je continues à t'écrire mais bon. Ils s'appellent Tom, Alex, Emilie et Gauthier. Ils fument des joints, vont en soirée, sont respectés. Ils m'ont prise en amitié par ce que j'étais bi, qu'ils trouvaient ça cool, par ce que j'avais été à l'hosto, qu'ils trouvaient ça classe, et par ce que j'avais des nichons, selon les garçons. On peut pas dire que je sois tout à fait heureuse mais je me porte plutôt bien, maintenant.
J'ai couché avec Marie-Madeleine. C'était bien. Elle me déteste toujours, mais j'ai adoré être sa première fois. La vie c'est trop bizarre.
Pierre et Pierre sont contents pour moi. »

Le jour où Loup a croqué dans son fizwizbiz, elle sut presque immédiatement que sa vie allait changer, et encore plus, que sa vie allait devenir géniale. Le monde des sorciers, le ministère, les sangs-purs, les licornes, une école de magie ? Ça lui paraissait comme évident, maintenant qu'elle en connaissait l'existence. À vrai dire, Loup se sent comme un poisson dans l'eau dans son nouveau monde ; bien sûr, au début, elle eut du mal à maitriser totalement ses pouvoirs et si il arrive encore des accidents régulièrement, elle peut se vanter d'être plutôt douée à ce nouveau jeu. Partir à Poudlard était pour Loup une incroyable opportunité qu'elle saisit sans hésiter à l'instant où elle en apprit l'existence ; elle n'a jamais regretté son choix. De son ancienne vie, rien ne lui manque, mis à part peut être sa famille, mais les attraits de l'école de magie sont tels qu'elle a à peine le temps d'y penser. Mais plus encore que la magie, Loup aime les sorciers. Jamais la jeune femme n'a eu autant d'amis qu'ici ; elle jadis plutôt réservée et solitaire ( toi même tu sais si t'as lu au dessus ) s'est littéralement métamorphosée en entrant dans son nouveau chez-soi. Excentrique, hypersociable, un brin barrée, toujours partante pour faire le dawa dans tu casa, il ne reste que de l'ancienne Loup que peu de choses ; peut être un côté marginal encore très prononcé et une expérience de vie qui la rend un peu différente, quoi qu'au point où elle en est, on ne sait plus vraiment si c'est la folie ou son passé qui la fait réagir de telle manière. Bref, Poudlard est sa patrie et elle adule, elle fait l'amour à mustard. Forte et courageuse, elle ne se laisse pas marcher sur les pieds, c'est ce qui fait son charme ; Loup surprend, elle ne laisse pas indifférent. Tous le monde ne l'adore pas, non, c'est certain, mais Loup est ce qu'elle est et elle ne changera pour rien au monde. Alors fais gaffe Poudlard, Loup Kévin (et là, plus aucune crédibilité.. ) est dans la place ! Qui craint le grand méchant loup, méchant loup, grand loup noir ?