J'aime la neige moi, vous savez ? Parce que derrière ma fenêtre, je vois les flocons qui tombent. Un ouragan d'pureté qui enveloppe le monde. À ma vitre, il y a ces larmes glacées qui chutent et tourbillonnent. Elles s'effilochent. À ma vitre givrée, il y a les enfants qui courent, qui jouent à chat, qui s'attrapent et sculptent des anges glacés dans la neige éphèmere. À ma vitre, il y a des arc-en-ciel en monochrome, des cristaux d'orage, des rayons d'lunes et des sourires d'soleil. Tout s'entremêle. Bouquet d'saisons. Y a les p'tits visages rougis par le froid. Carmin satin. Les sourires éternels. Des rêves à l'infini. À ma vitre aussi, il y a les rires d'Eryn. Eryn chante, Eryn danse. Eryn est une nymphe de l'hiver. Ses doigts enlacent des infinis qu'elle seule comprend, qu'elle seule saisit. Il y a sa chevelure de jais qui tournoient dans c'fond trop pur. C'est elle ma tempête de neige. Elle souffle un vent froidement chaud à l'intérieur de mon cœur. Un blizzard, une tempête. Un putain d'cataclysme, l'coeur défoncé. Son rire résonne dans mon crâne, joue aux ping-pong entre mes tympans. Les flocons trop doux martèlent ma fenêtre et le givre l'attaque, véhément. Soudain, je n'peux plus rien voir. Eryn disparaît. Même ses yeux verts de jade sont invisibles. Mais Eryn frappe à la vitre, et trace un infini dans la glace d'ses ongles trop courts. C'est l'sang de notre amour meurtri qui coule de ses doigts. Alors je cours, je pars enfiler ma veste, j'attrappe mon bonnet et mes chaussettes Dora, elle me taquinera. Un léger coup d'oeil dans l'miroir. Eryn n'aime que le beau. Ma nymphe aux ongles rongés. J'ouvre la porte, j'oublie de la refermer. Alors je cours dans la neige. Volupté. Sauf qu'Eryn s'est enfuit. Je vois ses cheveux d'fée qui file dans le vent au loin. Eryn s'enfuit toujours. Elle et sa chevelure. Parce que c'est vrai, elle a les plus beaux cheveux du monde. Comme des cristaux d'charbon qui transperce la lumière. Eryn n'est que chevelure. Eryn n'est qu'un regard. Un prénom celtique qui m'écorche la langue. La rudesse qu ''r'' qui contraste avec la douceur du ''é''. ''é'' comme éternité. Elle a l'plus beau des infinis tatoué au fond des chaires. ô que je l'aime Eryn, elle et ses yeux farceurs, qui semblent toujours imaginer l'plus bon moyen pour se faire diablement aimée. ô que je l'aime avec ses hurlements et ses portes qui claquent. Toujours dans l'exagération, toujours trop. L'monde est sa pièce de théâtre. Eryn et ses ultimes mots qui gravent des cicatrices de sel sur ma peau. Elle a les mots qui s'enfuient, s'enfuient. S'entremêlent, s'ramifient. S'entrecognent dans un duel de sourds. Ils tournent et tournent ; tournicoti tournicoton. ils claquent et s'effacent. Mais jamais d'la même façon. Comme j'aime caresser sa peau d'coton. Et Eryn elle est vulgaire, elle dit qu'Eryn rime avec Cyprine et qu'c'est pour ça qu'elle aime les filles. Elle m'dit que j'ai aucune chance, que d'toute façon c'est elle qui mène la danse, que j'pourrais jamais inverser la tendance. Moi aussi j'aime les filles, mais l'plus important, j'aime Eryn. La neige continue de tomber. Des p'tis boûts d'Elle. Je tire la langue et j'les avale. Demain j'lui dirai, que je l'aime comme un taré, qu'mes rêves sont tissés d'elle. Demain l'univers s'détruira au seuil d'nos baisers. Et elle laissera la couleur du d'sa jouissance céleste sur mes draps Ce s'ra l'illusion tremblotante d'un bonheur sans trépas. Ou alors, Eryn s'enfuira. Eryn s'enfuit toujours.