L'adrénaline de la connerie, un des trucs les plus jouissifs de la vie. Tu sais que ça sert à rien à part faire chier le monde, que tu risques de te faire pincer mais tu réitères tes exploits. Je ne sais pas comment j'ai fait pour m'en passer durant tant d'années. Il paraît que ça se voit sur ma gueule d'ailleurs. J'ai pas la réputation d'être un mec marrant qui aime foutre le bordel. Faire la chasse aux perturbateurs pubères est normalement un de mes principaux passe-temps. Pourtant c'est moi qui glousse avec excitation et qui guette l'arrivée du moindre intrus qui surprendrait ce que nous trafiquons. Je me fais pitié moi-même, mais bon ça me fait trop marrer pour songer une seule seconde à renoncer. Je risque mon insigne de préfet. Ça ne me tracasse pas des masses. Il n'est pas né celui qui me virera de mon poste... Notre victime est la classe de métamorphose, et plus particulièrement Mr Lovelace. Il me gonfle lui. Il me fout toujours des notes de merde à mes devoirs. Okay je ne suis peut-être pas un génie en métamorphose mais en sortilèges j'assure. De toute façon c'est bien plus utile, je me contrefous de savoir transformer une tarte au pigeon en ornithorynque. Sérieux cette matière ne sert à rien... Lorelei lance un sort pour déverrouiller la porte puis nous nous glissons dans la salle avec précautions. Des vrais ninjas, faut dire qu'on commence à avoir l'habitude maintenant.
Tout ça à cause de cette fille. Nope, c'est pas mon plan-cul ni ma pote. Je ne sais pas comment elle s'est débrouillée, mais son potentiel à conneries a réveillé le mien. On n'a rien en commun, sauf le goût du risque auquel elle m'a initié avec passion. Y'a pas à dire, elle est douée la p'tite pour foutre le bordel. Le genre de truc que je suis sur le point d’accomplir avec Lore est très populaire parmi les deuxièmes années, les plus cons de l'école quoi, et c'est les fusées que je leur confisque qui vont servir aujourd'hui. Ben ouais, personne ne peut imaginer que leurs petites merveilles me sont bien utiles. C'est vraiment addictif, on n'en a jamais assez. T'as toujours envie d'en faire plus, d'emmerder le plus de gens possible. Je jette un coup d’œil sur les côtés pour vérifier si le couloir est désert. Affirmatif, on peut y aller. Faut qu'on se dépêche de rentrer sans se faire voir, il y a toujours du monde qui passe par ici. On a vingt minutes avant que les préfets de Poufsouffle ramènent leurs fesses de ce côté et je suis bien placé pour le dire, ils sont dressés pour détecter les intentions frauduleuses qui planent dans l'air. On a un sixième sens pour ces trucs-là, un radar à conneries. Je pose le sac que je traîne depuis tout à l'heure sur le bureau du prof. Je déballe les multiples types de fusées, je crois que j'en ai trop prises, et on s'y colle pour organiser la pagaille. Néanmoins elles ne sont pas toutes normales ces fusées. Je les ai un peu arrangées... Et Lore va être impressionné par celle que j'ai préparée spécialement pour l'occasion. Notre première classe piégée, ça doit se fêter dignement !
« On a de la chance, j'ai choppé deux morveux avant-hier avec un petit stock de pétards puants... » Bien pratique tout ce qu'on peut obtenir par la confiscation. Je devrais ouvrir un marché noir pour revendre toutes les bizarreries que les sorciers cachent en douce. Vous seriez surpris par les objets que je trouve... Des choses pas très claires que je ne recommande pas aux mineurs. « Avec les charmes que j'ai ajoutés, ça va durer plus longtemps... Le vieux Alistair va être fou » J'avoue qu'imaginer sa tronche lorsque tout ce barda va exploser me tort de rire. Les plaisirs simples de la vie...Je regrette presque de ne pas être en cours avec lui lorsque ça arrivera.

tu as trouvé le viiif d'ooor !

Où que je me trouve dans le château je pense que j'entendrais en direct ce qui se passe. J'attrape quelques bombabouses pour les fixer discrètement sur la porte. Je m'arrange pour qu'elles se déclenchent dès que le vieux débarquera. Oh rien de bien méchant, on n'est pas des vicelards nous... Non juste des trucs chiants qui font du bruit et quelques uns plus débiles. Genre des gnomes, des trolls et des jurons qui vont flotter toute la journée dans la salle. Un spectacle qui en vaut le détour pour les amateurs des plaisanteries typées moins dix ans d'âge mental. C'est con et exaspérant, juste ce qu'il faut pour mettre sur les nerfs notre cher Alistair.
« T'inquiète pas pour Peeves, j'te promets qu'il va pas nous saouler aujourd'hui... » Dis-je avec un sourire carnassier. Il a pris cher ce connard d'esprit. J'ai passé tout mon dimanche dernier à le pister, mais si j'ai une vie faut pas croire, pour lui botter le cul avec quelques sortilèges expérimentaux de ma composition. C'était une vengeance puérile qu'il méritait largement. Nonobstant le fait que je le considère comme le grand gourou de la connerie, il a fait foirer notre dernier coup et on a failli se faire prendre à cause de ce scélérat. Je m'entends plutôt bien avec le Baron sanglant, le fantôme des serpys, et je lui ai demandé de le garder à l’œil. Ça ne va pas durer évidemment mais je compte bien mettre à profit cette tranquillité provisoire. Je recule pour contempler mon œuvre diaboliquement jouissive. Quand ça va péter, par la barbe de merlin on entendra ce fracas jusqu'à l'autre bout du parc. Il va s'en prendre plein les yeux et les oreilles le vieux. On termine de s'activer, tout est à présent prêt. Lore me demande si ça va marcher et je ne peux que lui adresser un sourire satisfait. Comment en pourrait-il être autrement ? Elle remarque, et je n'en suis pas peu fier, ma fusée spéciale. Elle est énorme hein ? J'ai passé des heures à suer pour la fabriquer. C'est un concentré de feu d'artifices à manier sans gestes brusques. C'est vrai que j'aurais pu lui lancer un sort pour réduire sa taille mais tu vois je suis un mec. Je ne fais pas exception à la règle, j'ai toujours mon bon vieux réflexe de qui a la plus grosse ? Charmant hein. Bienvenue dans le monde des testostérones. « Une surprise spéciale, t'imagines pas le temps que j'ai mis à la faire ! C'est du grand art et... » Ma joie retombe instantanément. Je me tais pour tendre l'oreille. Je crois entendre un truc suspect. Des bruits de pas. Ça s'approche. Et ça s'arrête devant la porte.
« Merde, planque-toi ! » Je ne lui laisse pas le temps de protester. Je la tire avec fermeté contre moi et on se retrouve à plat ventre sous le bureau. J'attrape ma baguette et marmonne quelques mots pour jeter un sort de désillusion. Nous nous confondons maintenant avec le meuble et il faudrait vraiment un œil expert pour détecter notre présence. J'adore ce petit tour, il marche à chaque fois. J'étouffe un juron quand je me rends compte que dans la hâte j'ai oublié de cacher le sac. Grand ouvert, il contient encore quelques fusées. Putain on va se faire prendre... On retient notre souffle. Et évidemment, ce qui doit arriver arrive, je commence à avoir un fou rire. Ta gueule Adrian, ferme-là nom de dieu... C'est trop dur de lutter contre ça. Je serre les dents et essaye de me calmer mais en fait plus je résiste plus le rire monte. Ouais comme la sève. Les échos de pas qui s'étaient stoppés reprennent, fausse alerte. Je soupire de soulagement puis j'annule le sortilège. J'explose de rire et j'ai du mal à me relever. Je me cogne la tête contre le bureau ce qui a le don de décupler mon fou rire. Je suis un peu dans les brindezingues, je ne sais pas ce qui me prend. Je dois être pitoyable à voir mais là c'est plus fort que moi. En m'appuyant contre la table, la secousse fait rouler une sphère en verre posée dessus. Sans avoir le temps de réagir, je vois la chute au ralenti. L'objet se brise. Le bruit coupe net mon hilarité. On se regarde avec un grimace sans oser bouger. On est dans la merde. J'ai cru avoir un arrêt cardiaque quand la porte s'est brusquement ouverte. C'est un peu trop d'émotions d'un coup, les montagnes russes c'est pas bon pour le cœur. Et voilà, ce que je craignais nous tombe sur la gueule. Les préfets de Poufsouffle. « Qu'est-ce que vous foutez ici ?! » S'ils me reconnaissent, et c'est les probabilités sont plutot élévées d'après mes calculs savants, il va m'arriver des misères. Je souris avec amusement et dégaine ma baguette en direction de ma grosse fusée. C'est limite cruel ce que je vais faire mais bon, à la guerre comme à la guerre hein... Ils vont pas être déçus du voyage... « Confringo ! » Ouais j'aurais pas le prix nobel pour cette idée à la con. L'effet est immédiat. Tout le mécanisme s'enclenche et explose. Et là, j'te jure qu'on va voir les étoiles.

« L'intelligence a été inventée il y a très longtemps par un type vachement malin. La connerie, c'est autre chose, c'est une création collective »