i'm just a fuckin' astronaut.

Y’a un problème. Sérieusement, c’est ce que tout Poudlard devrait se dire en voyant passer JKing. Ok, il est dix heures du soir – heureusement d’ailleurs, sinon ce serait trop trop la honte – et ok c’est la rentrée, du coup tout l’monde est cloitré dans sa propre salle commune à se morfondre sur les souvenirs de l’été passé. Mais quand même ! Y’a un gars qui avance, balai coincé sous le bras, et dans une espèce de combinaison blanche que la plupart d’entre vous ne doivent certainement pas connaître. C’est Phoenix qui l’a offerte à Rudy pour son anniversaire. Une combinaison d’astronaute, enfin, une fausse combinaison d’astronaute, pour leurs soirées déguisées les plus folles. Donc, Rudy avance, on pourrait même dire gambade, dans les couloirs du château. Balai sous le bras, et un espèce de fat casque dans l'autre main. Ah oui les déguisements ça déconne pas. D'énormes lunettes d'aviateur pendent autour du cou de JKing, porte bonheur oblige.
Vous le voyez maintenant le problème ? Toujours pas. Bah le problème, les amis, c'est que Rudy a beau paraître un peu loufoque, une source infinie de ragots et mystères, son amour propre ne lui dicterait certainement jamais de s'exhiber dans un tel accoutrement devant tout le château. Enfin, devant autant d'esprits aussi peu pourvus de logique scientifique, comme il se plairait à le dire. Donc approchons-nous encore un peu de ce visage pâle. Ah, vous le voyez maintenant le problème !

Pupilles dilatées au maximum, deux perles de feu ont remplacé les iris grises du Serpentard. Venons-en donc au point. Il y a une heure, Rudy était enfermé sagement dans son petit repère mystérieux dont personne n'est à la connaissance, pas même ces fouines de la Gazette. Lunettes de plastique anti-éclaboussures chimiques sur le nez, cheveux en l'air, gants de protection jusqu'aux coudes. De la fumée se dégageait théâtralement d'un chaudron tandis qu'un sourire victorieux se dessinait sur les lèvres vermeilles du bougre. Sa nouvelle invention, son nouveau petit bébé. Il avait passé son été à travailler sur cette formule, arpentant les étagères les plus poussiéreuses de la demeure de son grand-père et de la grande bibliothèque de London. Une solution contre tous ces lendemains douloureux post-soirée arrosée de la mafia. Du pur génie. Des fizwizbiz euphorisants permettant une descente toute en douceur du Paradis. Mais le mieux du mieux, Merlin oui là j'appelle au GENIE, c'est que ces petits plaisirs sucrés permettaient l'espace d'un instant de multiplier par mille la plus grande aptitude de celui qui l'ingérait. Si vous étiez jadis un bon chanteur, vous vous seriez transformé pendant une heure en virtuose de l'Opéra de Vienne. Votre plus grande fierté est votre talent en souaffle-pong ? BIM, vous auriez tout raflé. Le JKing n'en était pas peu fier.
Normalement il aurait fait tester cette merveille par quelqu'un, mais là, trop heureux de l'aboutissement il s'était contenté d'attraper un bonbon, le contempler des larmes au coin des yeux, et de le glisser sur sa langue gourmande. BOUM.

Arrivé enfin en haut de la tour d'Astronomie il se mit à genou, posant le balai à sa droite. D'une main avisée il attrapa des feuilles de papier qu'il avait glissé dans son casque d'astronaute. Sa main droite saisit rapidement le crayon coincé sur son oreille droite et le jeune homme ne tarda pas à déployer toutes les feuilles. Un véritable charabia pour n'importe qui. Des constellations, des étoiles et des planètes pour Rudy. Des calculs de distance ci et là. Et puis une petite croix dans un coin en bas à gauche, entourée par trois énormes cercles rouges. La merveille. Le fruit de son génie. Le fruit du talent que lui avaient offert ces fizwizbiz. Dur à croire, mais ouvrez bien vos oreilles. Oui, messieurs dames, Rudy Jazzy-Jazz King vient de découvrir une nouvelle planète. Il en pleurerait presque, si ses yeux n'étaient pas si occupés à fixer tous ces détails griffonnés. Je crois même qu'il murmure quelque chose "Oui là, un - deux - trois - quatre. Parfait. Oui c'est bien ça. Encore un peu plus bas. Bon, voyons."
Il lève la tête yeux froncés - il a encore oublié ses putain de lunettes de vue - et un bras tendu vers le ciel balaye successivement divers points blancs lumineux. Merlin, c'est là. Merlin c'est trop beau. Un sourire se dessine sur ses lèvres tandis qu'il se pose les deux mains sur la tête. Incrédule ? Non, il est bien conscient de ses capacités, surtout sous l'emprise des FizwizJazz. Mais il ne pensait pas arriver à un tel niveau si jeune.
Pas de temps pour les émotions. Il attrape son balai et laisse le casque, de toute façon c'est trop encombrant. En deux temps trois mouvements il monte sur le morceau de bois et s'élève jusqu'à la rembarre de la tour. Il veut s'approcher le plus possible de la Merveille. Un millimètre du vide. Une main moite. Un peu euphorique, un peu trop pour que ça soit normal peut-être. Des pas. Il les entend, rien ne lui échappe. Qui ? Pourquoi maintenant ? Non ! Non non non.