Je suis née à Chicago mais je dois avouer que ma vie a plutôt été éparpillée jusqu’ici. En fait, je suis une adepte de la liberté, je n’aime pas me poser trop longtemps quelque-part. J’ai l’impression que si je reste dans un endroit, je vais être cloisonnée pour toujours. Vous devez penser que je suis un peu folle, mais peut-être que vous n’avez encore rien vu. Ou est-ce que j’en étais déjà ? Ah oui, Chicago, la ville du crime. Pourquoi cette ville ? C’est très simple, mon père est dans le commerce international et ma mère dans la politique magique alors ils voyagent beaucoup à travers le monde. Ils ont décidés de mettre un peu ça entre parenthèses quand je suis arrivée et se sont posés pour un petit moment aux States. Aujourd’hui ? Ils peuvent être aux quatre coins du monde, je ne suis pas du genre à fliquer les gens. Puis…Je n’ai pas autant de contact avec eux que je voudrais. Bref, je ne vais pas vous emmerder avec mes histoires de famille puisque ce qui vous intéresse c’est JUSTE la mienne d’histoire. Pas vrai ? Bon, en gros mes parents sont tous les deux slovaques. Du coup, j’ai plus parlé slovaque pendant l’ensemble de ma vie qu’anglais/américain. Je n’avais pas trop envie de faire d’effort pour apprendre la langue du pays ou je vivais, en fait. Aujourd’hui j’ai encore quelques lacunes linguistiques à cause de ça, d’ailleurs. De toute façon à l’époque ça m’a pas parut vraiment grave puisqu’à partir de mes onze ans je ne rentrais plus à Chicago que pour les vacances. La grande question que vous êtes entrain de vous poser est « pourquoi », n’est-ce pas ? C’est bien simple. Ma mère étant sorcière, il s’est avéré que je suis également dotée de dons magiques. Une sang-mêlé dans le jargon. En gros j’ai pu continuer à parler slovaque parce que mes parents m’ont envoyée dans une école de magie des pays de l’Est. Vous connaissez peut-être Dumstrang ? C’est là-bas que j’ai fait mes sept années d’études règlementaires.

Ensuite ? Bas c’est très simple, j’ai réussis mes examens, haut la main. Bas ouais qu’est-ce que vous croyez, j’étais une élève sérieuse. J’étais bien plus sérieuse à cette époque. Bon, je ne vais pas dire que je regrette les bancs de l’école mais…Après ? J’ai fait des études complémentaires pour devenir professeur de sortilèges. C’est une matière cool, puis j’étais la meilleure de ma classe alors quand j’ai dû choisir une voie magique, celle-ci m’a paru évidente. Rien de bien passionnant en somme. Je suis restée enseigner à Dumstrang pendant une année seulement et puis j’ai décidé d’aller retrouver mes racines slovaques. Là commença une vie de globetrotteuse. Une vie de fêtarde invétérée qui ne supporte pas les chaînes et qui ne jure que par un mot « liberté ». Je pouvais être qui je voulais, je faisais des petits boulots, je ne restais jamais plus d’un mois au même endroit. J’ai vu tant de pays, tant de lieux magnifiques dont vous ne pouvez même pas imaginer la beauté. Vous pouvez essayer, bien sûr, mais ce ne sera jamais suffisant pour arriver à la hauteur de cette perfection qu’il m’a été donné d’observer. J’étais finalement devenue comme mes parents. Insatiable et éprise d’aventures. J’ai ainsi visité la Slovaquie, l’Australie, la Russie, l’Afrique, les Philippines…J’en passe et des meilleurs, sinon vous risquez de vous endormir et de baver. Je ne supporte pas les gens qui bavent, c’est vraiment dégueulasse ! Bref, je crois que je m’égare un peu là.

La période sombre (omg, ça fait trop vieux polar de merdique dit comme ça) est venue plus-tard. J’avais 23 ans lorsque je l’ai rencontré et faut être réaliste, il s’est bien foutu de ma gueule. Je n’arrive toujours pas à croire que je suis restée deux ans avec ce type. Il était comme moi, voyageant partout dans le monde. Le hasard nous a fait nous rencontrer au Brésil. Il n’était pas brésilien d’origine mais américain, de Chicago ! C’est pour ça que nous sommes retournés vivre là-bas ensemble. Il m’a cloisonné. J’ai cru mourir, plus d’une fois. Je savais bien qu’entre nous c’était bien trop passionnel ; j’aurais du freiner notre histoire mais je n’ai pas eu les bons réflexes. Peut-être parce que je m’attache bien trop facilement ? Ou parce qu’il me faisait bien trop tourner la tête. Être prise au piège d’un homme, c’était bien la pire chose qui pouvait m’arriver. Une seule de ses caresses, son souffle caressant ma nuque et il pouvait faire de moi ce que bon lui semblait. Je me suis détestée, je me suis mutilée, je ravivais sans cesse les plaies avec mes larmes. Que ce soit mes blessures ou les siennes. Les siennes ? Pourquoi croyez-vous que j’aurais du fuir ? Prendre mes jambes à mon coup ? Moi qui trouvais les femmes battues stupides ! Le syndrome qui rapproche les victimes de leur bourreau, c’est de ça qu’elles souffrent toutes au final. Il me retenait prisonnière entre les murs de notre appartement et les coups pleuvaient dès que j’ouvrais la bouche. Il n’avait même pas besoin de boire pour me frapper. Je crois que c’était un démon. Il était le mal. Mais j’avais sombré dans le vice depuis longtemps et je m’étais éprise du mal. Plus que dans mon cœur, il était gravé dans ma chaire au moyen de chaque lacération qui marbrait mon corps. Le syndrome de Stockholm résumait ma passion autant qu’il était ma prison.

Un jour il s’est lassé de moi. Il m’a abandonné comme on jette un jouet qui ne nous satisfait plus. Il avait fait de moi une sorte de coquille vide, de petite créature brisée. Je me noyais dans ma vie. J’ai vu des psys, j’ai été dans de nombreux groupes de discussion. J’ignore si cela a résorbé les blessures à l’intérieur de mon être, mais les blessures du corps s’effaçaient et les cicatrices indélébiles s’éclaircissaient. J’ai du réapprendre à vivre, ça n’a pas vraiment été facile. J’ai décidé de m’amuser. Je crois que j’ai un peu pété les plombs, finalement. Je suis devenue cette femme d’un naturel blasé, cynique et ironique. Je crois que je suis toujours aussi faible mentalement, bien que j’essaye de me convaincre du contraire. Alors je me perds dans les bras des hommes, jamais plus d’une nuit. J’ai décidé de devenir le bourreau mais des cœurs cette fois-ci. J’ai peur de m’attacher encore à la mauvaise personne, c’est une angoisse qui me fait hurler la nuit et vomir le jour. Je cherchais malgré tout le dépaysement pour me sortir ça de la tête. Encore et toujours. J’ai migré jusqu’en Grande-Bretagne et j’ai décidé de revenir à mes premières amours pour voir du monde et oublier tout ça. J’enseigne désormais les sortilèges à Poudlard. C’est une école avec une grande mixité culturelle, j’aime beaucoup y travailler et dispenser des cours originaux à mes élèves. Je ne suis peut-être par leur prof’ préférée (trop tendance à les casser peut-être) mais moi je m’amuse bien, ça remplit mes journées qui auraient été vides de sens et pleines de pensées noires autrement. En plus cette année il y a un grand bouleversement. Ouaip, les moldus ont mangé des bonbons qui les ont rendus sorciers. Si, je vous jure ! C’est énorme ! Du coup l’école est un peu en effervescence avec tout ça et j’ai un peu pleins d’élèves incompétents dans mes classes. Mais bon, ils sont tous plutôt sympathiques. Au moins ça a le mérite de retourner Poudlard. J’aime bien tout ce qui est retourné, la folay, tout ça.